Humaine, trop humaine

D eleuze chez l'ophtalmologue, Blaise Pascal sur Twitter, Freud psychanalysant sa mère... autant de situations décalées et burlesques mettant en scène un panthéon de philosophes croqué.e.s par Catherine Meurisse. Depuis 2017, elle anime une rubrique dans Philosophie Magazine : présenter et illustrer un concept philosophique avec humour et légèreté. L'intégralité des planches réalisées est reprise dans ce livre.

L'autrice imagine une suite de dialogues entre son avatar dessiné et quelques-uns des plus grands penseurs de l'histoire de l'humanité. Avec impertinence et intelligence, elle s'amuse à réfléchir, maltraitant au passage quelques doctrines d'une misogynie crasse ou relevant la modernité d'autres. Elle réussit au final un bel exercice de vulgarisation de la pensée.

Ce recueil reste un travail de commande, avec tout ce que cela peut représenter de systématisme dans le procédé narratif et pour un résultat forcément inégal. Il se déguste pourtant avec une certaine délectation. Les saynètes qui le composent, qu'elles soient anachroniques, incongrues, voire d'une mauvaise foi assumée remplissent clairement leur objectif. Elles présentent et rendent accessibles un vaste panorama des tentatives faites par les hommes pour comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Didactique sans être lourd, Humaine, trop humaine restera sans doute un titre mineur dans la bibliographie de Catherine Meurisse. Ce n'est pourtant pas une raison pour bouder son plaisir.