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Kuklos

25/06/2003 12473 visiteurs 8.1/10 (12 notes)

A près les contrées désertiques de Banquise, Sylvain Ricard et Christophe Gaultier plongent dans la moiteur du Sud de l'Amérique des années vingt.

"Ça ne pouvait pas durer. À force de tirer sur la ficelle, tout devait bien finir par se casser la gueule. (…) quand la raison s'abandonne aux intérêts les plus minables, quand les idées n'ont plus voix au chapitre (…) que le pouvoir devient une drogue…"

En introduction, ce constat résonne dans la tête de Jackson, personnage central de Kuklos (le cercle), véritable descente dans les arcanes du Ku Klux Klan et dans un monde où la ségrégation raciale est érigée comme mode de vie.

Annoncée par un poème (à lire absolument), véritable préface de ce récit fort, l'ambiance, trouble et imprégnée de turpitudes, s'installe lentement.
Les premières planches, somptueuses, et l'articulation voix off / découpage du dessin facilitent l'immersion dans l'histoire. A n'en pas douter, le sujet sera grave.
La jeunesse et l'environnement du personnage principal (peut-on de héros pour Jackson ?) sont précisément décrits. Sa solitude et le face à face qu'il engage avec son destin (qui ne peut être que tragique) sont évidents.
Dans la région et dans les familles qui composent l'entourage de Jackson, on rejoint en effet le Klan " naturellement ". La voie est toute tracée avec comme point d'orgue une sorte de confirmation païenne. Cependant, la référence à la Bible, consternant alibi, et le choix de défroques solennelles et bigarrées n'abusent personne. On est ici pour se partager le pouvoir et non pour chercher le salut de l'âme.

Les rites de la communauté et les thèses défendues par le Klan font l'objet d'un long et minutieux exposé. L'expérience est traumatisante pour le jeune garçon et elle restera gravée à jamais dans sa mémoire. Ce passage, particulièrement délicat à présenter (comme à chaque fois qu'il s'agit d'un sujet sensible) ne souffre pourtant d'aucune contestation : les membres du Klan sont des êtres aveuglés par la rage et le pouvoir et ils sont présentés comme tels. Les esprits chagrins en mal d'ambiguité en seront pour leurs frais.

Dans le Sud à cette époque les choses évoluent lentement. Le status quo est finalement bien confortable (statut inchangé et Southern confort…) pour peu qu'on se trouve du bon côté. Mais soudain la violence, déjà omniprésente en toile de fond, ne se contente plus de suinter. Elle éclate avec la scission du groupe des klanistes. Les querelles intestines affaibliront le Klan local. Il aura suffit d'une étincelle pour réduire à néant la poignée de caïds qui voulaient régner sur la province.

Les histoires sans héros, du moins celles où on ne souhaite pas se rallier à la cause d'au moins un des personnages, sont toujours délicates à appréhender.

Dans Banquise, on aimait finalement détester ces personnages hideux et amoraux. Constater que la nature avait son mot à dire pour les châtier était en quelque sorte rassurant. Le personnage central continuerait d'expier longtemps sa (ses ?) faute et l'on ne trouvait rien à redire.

Dans Kuklos, les bourreaux deviennent finalement victimes et les victimes n'hésitent pas lorsqu'il s'agit de devenir bourreaux à leur tour. Soif de vengeance et soif de pouvoir trouvent les mêmes traductions dans les faits. Et le personnage central devra lui aussi rendre compte de ses actes. Mais ce sera de la main de l'homme que viendra le châtiment. Tout juste Jackson trouvera-t-il une source de satisfaction en croyant manipuler son bourreau avec une ultime provocation.

Auparavant, Christophe Gaultier, dont le style convient idéalement avec la dureté de l'histoire, nous aura invité à partager le délire d'un Jackson inconscient au détour d'une séquence tout à fait hallucinante (pages 52 à 57). Cependant, ce cauchemar n'aura pas de valeur expiatoire pour Jackson. Tout juste ressent-il le caractère vain et méprisable de sa quête, mais de remords sans doute aucun. On l'a dit auparavant, là-bas on est klaniste de père en fils. Sa quête se résumait peut-être finalement à se rapprocher de la figure paternelle et à l'honorer en poursuivant son œuvre.

Jusqu'à son terme, le récit aura fait l'objet d'une grande maîtrise, tant graphique (magnifiques couleurs) que scénaristique. Tous les évènements s'enchaînent avec force et soin.

L'éternel lecteur insatisfait aurait sans doute été tenté d'introduire, en parallèle, un passage se déroulant au sein de la communauté Noire. Comme il nous est présenté ce qui est arrivé à Prescott, autre victime du système.

Mais une fois Kuklos refermé, on se sent affecté par ce récit. Nous aussi, on a pris un coup de poing dans l'estomac et on a un peu l'impression de sortir d'un ring. On vient simplement de lire un grand album.

Par L. Cirade
Moyenne des chroniqueurs
8.1

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