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C rise environnementale, changements climatiques, déforestation, pollution, etc., ce ne sont pas les reportages alarmistes qui manquent. Derrière ces tristes vérités se cachent une peur fondamentale : l’éradication, la disparition et l'oubli. Passée la première émotion, un constat se pose. En quatre virgule cinq milliards d’années, la Terre en a vu passer énormément des évènements catastrophiques qui ont eu raison des trilobites, amonites et autres dinosaures. Au fil des ères, les spécialistes ont dénombré cinq épisodes majeurs de chute drastique de la biodiversité, sans compter une sixième, d’origine humaine, qui prend plus d’ampleur saison après saison. Qu’en est-il vraiment ? Les situations sont-elles comparables ? Et est-ce si tragique finalement, puisque la vie a toujours su trouver le moyen pour revenir, encore plus forte et diverse ?

Dargaud s’est associé avec l’éditeur naturaliste de référence Delachaux et Niestlé pour conduire Extinction – Le crépuscule des espèces. C’est sous ce gage de sérieux que Jean-Baptiste de Panafieu et Alexandre Franc racontent et mettent en perspective ce passionnant sujet dans l’air du temps. Leur exposé est clair, complet, souvent étonnant et finit par faire froid dans le dos quand les conséquences du développement économiques à tout va se retrouvent listées en parallèle avec les espèces qui en ont payé le prix. Il y a quand même quelques bonnes nouvelles (tout à la fin de l’ouvrage) qui démontrent surtout que, si les solutions existent, elles dépendent grandement des volontés politiques et publiques et que celles-ci sont trop timides et peu populaires.

Pour faire « passer la pilule », les auteurs ont construit leur récit autour d’une expédition arctique qui a pour but de documenter et caractériser les traces et les indices des différentes extinctions. Une équipe de scientifiques et de journalistes échangent et présentent leurs recherches entre deux observations sur le terrain. Cette forme narrative s’avère sympathique et très vivante. Dommage que De Panafieu se soit senti obligé d’ajouter un semblant de scénario vaguement humoristique et plus ou moins romantique. En plus d’être forcés et artificiels, ces intermèdes – peu nombreux au demeurant – encombrent plus qu’ils ne distraient. Une question de registre mal accordé ?

Visuellement, le travail d’Alexandre Franc se montre à fois engageant et précis. Sous un trait synthétique rappelant celui de Max de Radiguès, le dessinateur arrive à donner beaucoup de caractère à ses personnages. Quelques graphiques, cartes et tableaux en plus et c’est toute une fresque gigantesque qui défile sous les yeux. L’information est immense, mais, heureusement, toujours accessible et compréhensible.

Dense et finement raconté, Extinctions – Le crépuscule des espèces n’est pas l’exemple parfait d’une lecture détente (malgré les tentatives d’humour parfois désolantes du scénariste). Il s’agit avant tout d’un excellent livre de vulgarisation scientifique regardant vers le passé pour mieux comprendre le présent et tenter d’appréhender les risques du futur.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Extinctions, le crépuscule des espèces

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 28/07/2023 à 07:55:22

    Voici ce qu'on peut appeler une BD de vulgarisation scientifique qui s'intéresse particulièrement à l'extinction des espèces. Il s'agit de nous transmettre essentiellement une vision claire et exacte des bouleversements actuels ou à venir et de leurs enjeux écologiques et sociétaux.

    On va suivre des journalistes Emma et Luis qui interrogent des scientifiques (botaniste, paléontologue, biologiste...) sur une île de l'océan arctique durant l'été boréal.

    A noter que les chats ont ravagé les faunes insulaires et qu'il constitue une menace sérieuse dans des milieux encore préservés de ces félins. Bref, le ton est donné d'emblée de jeu. Visiblement, l'auteure à l'origine de ce reportage n'avait pas suivi toutes les consignes pour préserver la faune locale.

    L'évolution des espèces est plutôt lente mais il se produit parfois des catastrophes menant à leur extinction. Il y a déjà eu dans l'histoire de notre planète 5 extinctions de masse. On va vers la 6ème. 99,9% des espèces ayant existé su terre ont disparu. Bref, c'est un phénomène normal.

    La pire extinction a eu lieu il y a 252 millions d'années où certaines mers ont dépassé les 40 degrés suite à un réchauffement climatique. La plus célèbre est celle d'il y a 66 millions d'année lié à la chute de la météorite ayant conduit à l'extinction des dinosaures.

    Si l'homme disparaissait suite à une guerre nucléaire d'ampleur, en quelques millions d'année, la biodiversité pourrait retrouver son niveau initial comme si l'homme n'avait jamais existé.

    A noter, un vaste plaidoyer contre la chasse qui est l'un des facteurs de disparition de certains animaux. Ainsi, les canards eiders continuent d'être chassés en France alors que leur nombre diminue rapidement au niveau mondial. Comme dit, dans cette BD, la chasse reste un loisir pour les crétins avec le goût de l'aventure et des trophées ; je n'invente rien. Ils apprécieront.

    La pêche (de plus en plus intensive et de moins en moins efficace) est également dans leur collimateur avec des chiffres impressionnants. On parlera également du plastique qui s'accumulent dans les océans et qui empoisonnent bon nombre d'espèce que cela soit des animaux marins ou des oiseaux.

    Et puis, on apprendra que certains pays comme la Russie et la Chine (encore eux) bloquent la création d'immenses aires marines destinés à protéger l'Antarctique.

    Dans ce contexte de pollution, de chasse et de pêche, le réchauffement climatique n'arrange rien. On peut y ajouter les invasions d'espèces exotiques dont font partie justement les chats. On apprendra la tragédie des îles Kerguelen. Je ne spolierai point sur les conséquences.

    Là encore, c’est une lecture servie par un dessin très agréable. Par ailleurs, le récit ne manque pas d'humour pour un sujet aussi didactique. J'ai passé un excellent moment tout en apprenant beaucoup de choses intéressante sur l'évolution et les extinctions des espèces.

    Au final, on retiendra que l'extinction de masse n'est pas encore évidente mais on s'en approche. Il convient alors d'en tirer les conséquences pour éviter cela avant qu'il ne soit trop tard dans 50 ou 100 ans. Il est vrai que chaque extinction que nous provoquons nous fait perdre un peu de la beauté du monde.

    bulle.noire Le 12/06/2021 à 21:58:10

    Pour continuer avec la BD pédagogique, voici un album utile lui aussi… Le biologiste Jean-Baptiste Panafieu et le dessinateur Alexandre Franc nous immerge dans une expédition de 2 mois dans l’océan Arctique. Emma et Luis filment et suivent une équipe scientifique qui étudie l’impact du réchauffement climatique.

    Ils sont nos yeux et notre regard candide, ils posent des questions et cherchent des réponses.. en répondant et en expliquant, Sven et les membres de l’équipe scientifique font œuvre de vulgarisation scientifique : Du passé on va au présent et on prépare le futur, des extinctions passées, aux exemples de l’homme tueur et empoisonneur du présent jusqu’à un futur qu’on espère moins dramatique.

    C’est riche, très riche, parfois complexe mais toujours intéressant. J’ai appris beaucoup. L’humour est aussi présent et c’est tant mieux car c’est quand même un tableau plutôt noir qui nous est présenté…

    La belle phrase de Beate Klarsfeld s’impose là aussi (voir hier !).… Combattons, sinon nous avons déjà perdu !