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Angoulême ? Very classy !

Entretien avec Fiona Staples et Brian K. Vaughan

Propos recueillis par L. Cirade , L. Gianati et A. Perroud Interview 19/02/2015 à 11:50 8196 visiteurs

Auréolée de nombreuses récompenses, de trois prix Eisner en 2013 jusqu'à la nomination du troisième tome à la sélection officielle d'Angoulême en 2015, la série Saga n'en finit plus d'accueillir de nouveaux adeptes. Le mélange des genres, de la science-fiction au fantastique, ainsi que l'imagination débordante de Brian K. Vaughan ne sont sans doute pas étrangers à cet engouement. Accompagné de Fiona Staples, le scénariste de Y le dernier Homme ou d'Ex Machina était, au mois de janvier dernier, en visite à Angoulême.

Vous avez dit que vous avez porté le monde de Saga en vous depuis l'enfance, pourquoi avez-vous mis si longtemps à le mettre sur papier ?

Brian K. Vaughan : (rires) C'est plus l'univers en général que j'avais imaginé étant enfant. À l'origine, c'était un récit très basique : les bons contre les méchants, un peu à la façon de Star Wars, une histoire simplette comme peut l'imaginer un enfant. En fait, j'ai vraiment écrit l'histoire au moment où je suis devenu père moi-même. De plus, plutôt que de simplement parler d'un conflit entre deux camps, j'ai pensé à utiliser différents personnages secondaires pour parler de création, de paternité.

Aviez-vous déjà imaginé l'univers visuel de la série ?

B.V. : Non, enfant, je n'avais aucune idée de l'allure de ce monde, à part pour quelques détails : les cornes, les ailes, les bons contre les mauvais… C'est vraiment Fiona qui a établi, grâce à son talent de dessinatrice, les jalons graphiques de la série. Je lui ai juste donné des descriptions des plus sommaires (Marco a des cornes, une épée, Alana des ailes, …). Je n'ai jamais imaginé que les personnages seraient aussi cool.

Donnez-vous des informations détaillées dans les scénarios ?


B.V. : Plus ça va, moins mes scripts sont détaillés. Je fais confiance à Fiona et c'est nettement plus simple pour moi.

Êtes-vous surpris par le résultat une fois dessiné, reconnaissez-vous votre histoire (rires) ?

B.V. : Oh oui, toujours.

Fiona Staples : Je reste toujours fidèle au scénario !

B.V. : Fiona améliore réellement le récit en y apportant une dimension graphique à laquelle je ne pense pas.

Fiona, vos décors sont souvent floutés ce qui donne une ambiance un peu onirique...

F.S. : Ce que j'aimerais vraiment faire, c'est tout réaliser en couleurs directes, mais, évidemment, ça prend trop de temps. Ce qui est important, c'est que les personnages soient facilement reconnaissables. Pour les arrières-plans, je choisis des textures que je retravaille ensuite. C'est une question d'efficacité, d'esthétique et aussi de rapidité.

D'où vous est venu l'idée de l'allure de La Traque (la femme araignée) ? Comment rend-on une telle créature sexy ?

F.S. : L'idée était d'avoir un personnage avec deux facettes. Au début, elle est très belle, séduisante, mais dès quelle soulève sa jupe, on aperçoit sa vraie nature de monstre. J'ai essayé de combiner les deux.

B.V. : Nous avons des lecteurs un peu étranges qui la trouvent plus sexy sous sa forme d'araignée ! Il y a des gens un peu spéciaux, mais nous acceptons tout le monde ! (rires)

Est-ce que les personnages principaux sont basés sur des personnes réels (acteurs, parents) ?

F.S. : J'évite de me baser sur des personnes réelles car ça pourrait créer une distraction vis-à-vis du récit. Par contre, je peux m'inspirer et mélanger différentes attitudes ou détails physiques relevés chez des acteurs ou des personnes réelles.

B.V. : Ma femme m'inspire beaucoup pour mes personnages, même si j'amplifie beaucoup ses défauts ; Floyd est une version très idéalisée de moi-même. (rires)

La tragédie qui s'est déroulée à Charlie Hebdo a été un choc pour tout le monde. Dans Saga, Prince IV propose à Heist d'utiliser son crayon comme une véritable arme : pensez-vous que les comics peuvent être utilisés comme un moyen d'influencer ou même de nuire ?

B.V. : Tout à fait, le mélange de dessins et de mots est peut-être le moyen le plus efficace d'influencer des populations. D'ailleurs, les USA utilisent souvent des comics comme outils de propagande. Les caricatures politiques ont bien plus d'impacts qu'un essai ou un article. La combinaison de dessins et de mots touche les gens très profondément. Alors, oui, les comics sont puissants.

Pensez-vous à cette situation en écrivant ? Censurez-vous vous-même ?

Les deux : Non !

F.S. : J'y pense parfois, mais, vraiment, si je dois montrer quelque chose de « risqué », comme des scènes de sexe, je le fais sans arrière pensée.

B.V. : C'est la raison principale qui nous a fait aller chez Image : nous n'avons aucune restriction. Même si l'éditeur pense qu'il s'agit d'une mauvaise idée, il ne nous dira rien. Nous avons une liberté totale.

Les dialogues, dans la version française, sont parfois très crus et particulièrement imagés (ex. "J'ai joui comme un camion à benne" chap.11). D'où viennent ces expressions ? Des inventions, de l'argot de Cleveland… ?

B.V. : Pour la traduction française, je ne peux rien dire vu ma connaissance de la langue. D'une manière générale, nous laissons beaucoup de latitude au traducteur. La plupart des expressions sont des choses que j'ai entendues ici ou là. Nous ne voulions pas utiliser une langue artificielle typée science-fiction, mais que les personnages parlent d'une manière réaliste et, même si c'est parfois grossier, ça sonne toujours « vrai ».

D'où vous est venue l'idée d'utiliser des télévisions en guise de tête pour certains personnages ?


B.V. : Je ne sais pas, j'aime bien les anciennes télévisions. Ou alors, c'est parce que j'ai travaillé dans le monde de la télévision, peut-être un vieux fantasme. Vraiment, je ne sais pas d'où m'est venue cette idée. Au début, je croyais que c'était super-original, mais depuis on m'a montré des photographies similaires des années 50 ! J'espère juste que c'est un moyen visuel efficace.

Ces écrans permettent de transcrire facilement des émotions...

B.V. : Oui, c'est très pratique, il suffit de montrer un petit dessin (une bombe, par exemple) pour exprimer une idée. J'aime aussi beaucoup quand Fiona laisse l'écran blanc et suggère les émotions par la posture des personnages. Elle les montrent avec les épaules rentrées, l'air abattu. J'aime vraiment beaucoup cette manière de faire.

Comme vous l'avez-dit plus haut, vous avez travaillé pour la télévision (Lost, Under The Dome). Qu'est-ce qui est le plus plaisant, les comics ou la TV ?


B.V. : Sans l'ombre d'un doute, les comics ! Pour le moment, j'ai quitté le monde de la TV. Les comics sont bien plus valorisants : pas de censure, pas de comité à qui rendre des comptes, une liberté de raconter ce qu'on veut et pas de limite de budget. C'est juste moi et Fiona ! J'aime la télévision, mais les comics sont bien supérieurs ! Faire une série télévision coûte cher, donc, c'est d'abord une question d'argent et, seulement ensuite, de création. Dans les comics, l'argent arrive en troisième ou quatrième position (rires).

Toujours dans la thématique de la télévision, pensez-vous que Y le dernier homme soit un bon candidat à une adaptation au petit écran ?

B.V. : Ça pourrait être une bonne idée, qui sait. Par contre, si en dix ans ça ne s'est jamais fait, c'est peut-être que la destinée de Y est de simplement être un comics. Il y a une idée dans l'air qu'une série ou un film serait le but ultime d'un comics…

Avez-vous été approché pour une telle adaptations ?

B.V. : Oui, plusieurs fois, mais, pour l'instant Pia Guerra (La dessinatrice de Y, NDLR) et moi n'en ressentissions pas le besoin, ni même l'envie. Nous sommes simplement très content du comics.

En France, vos séries sortent sous forme de recueils d'épisodes, sans parution "au chapitre". Cette différence a-t-elle un impact sur la lecture ?


Brian demande à Fiona : qu'est-ce que tu préfères ?

F.S. : Cela dépend du type d'audience. En gros, il y a autant de lecteurs qui lisent la série via les numéros que les recueils. La parution par épisode est quand même agréable et puis, à l'origine, c'est comme ça que les comics se sont développés. Mais, globalement, ça ne change pas grand-chose.

B.V. : C'est comme pour la télévision, il y a des gens qui aiment découvrir l'histoire épisode par épisode, apprécient les cliffhangers et le fait de devoir attendre une semaine pour connaître la suite et d'autres qui préfèrent regarder par saison entière. Il s'agit de deux expériences différentes. En fait, ça n'a pas d'importance tant que vous lisez et, surtout, que vous achetez les livres, nous acceptons tout le monde ! (rires)

Savez-vous pour encore combien de temps Saga va continuer ?


B.V. : La série durera jusqu'au moment où Fiona dira "je n'en peux plus de dessiner cette histoire". (sourire) Nous avons commencé l'histoire quand ma fille venait de naître et ça a été très agréable de la voir grandir en même temps qu'Hazel. J'ai envie de pouvoir continuer plus longtemps. Je pense que Saga va devenir le projet le plus long dans lequel je me suis engagé. Comme je l'ai dit, c'est Fiona qui aura le dernier mot, car sa part du travail est nettement plus lourde que la mienne.

Jusqu'à maintenant, Hazel était seulement la narratrice de l'histoire. Est-ce que son rôle va changer dans le futur ? Va-t-elle devenir un personnage à part entière ?

B.V. : Mmmh… restez branché… (rires). Oui, pour l'heure Floyd et Alana sont les héros de la série, mais il s'agit en fait de l'histoire d'Hazel. Vous verrez bien ce qui va arriver.

Dans le premier numéro, vous avez montré la naissance d'Hazel d'une manière très douce. À l'opposé, dans le numéro 19, une autre naissance est montrée d'une façon très forte, très réaliste. Est-ce que le fait d'avoir du succès vous permet d'aller plus loin dans la narration ?

F.S. : C'était une manière de voir les réactions des lecteurs avant d'oser plus dans cette direction.

Est-ce aussi une manière de tester vos propres limites ?

B.V. : J'avais déjà l'idée de montrer la naissance de façon réaliste dans le premier numéro. Nous avons préféré une approche plus douce, histoire – comme le dit Fiona - de séduire les lecteurs avant d'aller plus loin ! Cette première scène est quand même audacieuse avec Alana hurlant : « J'ai l'impression de ch... ! ». Mais, oui, globalement, nous devenons de plus en plus téméraires, épisode après épisode.

Avez-vous eu des problèmes avec certains types de lecteurs ou certains groupements ?


Les deux : Non, nous n'avons jamais eu de problèmes de ce type.

B.V. : N'empêche qu'un petit peu de polémique est toujours bon pour les ventes ! Mais non, nos lecteurs sont très larges d'esprit et nous n'avons jamais eu de réclamations. L'histoire des comics est déjà longue. Le public veut maintenant des histoires plus matures.

Brian, vous êtes aussi l'auteur d'un webcomics, The Private Eyes, est-ce qu'une publication sur papier est prévue ?


B.V. : Non, j'adore les comics imprimés, mais le numérique est là et cela va rester en l'état. Nous voulions donc créer quelque chose de ce genre sur internet. De plus, l'histoire se déroule dans un futur dans lequel internet n'existe plus. Il y a donc un petit côté ironique très intéressant à développer. Mais non, aucun plan pour une édition traditionnelle en vue.

C'est votre première visite à Angoulême, est-ce que vous voyez de grandes différences avec les conventions américaines ?

F.S. : Nous venons juste d'arriver mais, à première vue, c'est nettement plus « classy » ! (rires)

B.V. : Nous avons déjà été invités au Salon du livre de Paris. L'assistance me semble plus âgée qu'aux USA et il y a moins de gens costumés, ce qui est une bonne et une mauvaise chose ! (rires). Oui, c'est nettement plus « classy » !








Propos recueillis par L. Cirade , L. Gianati et A. Perroud

Bibliographie sélective

Saga (Vaughan/Staples)
4. Tome 4

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Y le dernier homme (Urban Comics)
5. Volume V

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