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Itinéraire d'un enfant doué

Entretien avec Frédéric Castaot et Gaëtan Brynaert

Propos recueillis par L. Gianati Interview 06/06/2012 à 00:03 7913 visiteurs
Frappé dès son plus jeune âge par le décès de sa mère, Léon possède un talent artistique qu'il développe auprès d'un vieil ermite. Luttant avec force contre un destin qui semble vouloir à tout prix l'éloigner de ses toiles, il trace sa route avec un seul objectif en tête : peindre. Rencontre avec les deux jeunes auteurs de ce joli one-shot, écrit et dessiné avec beaucoup de sensibilité.

Quels sont vos parcours respectifs jusqu’à cette première bande dessinée ?

Frédéric Castadot : Pour ma part, j’ai commencé à écrire des scénarios très tôt. Enfant, je faisais mes propres albums de Tintin (j’espère ne pas avoir de problème avec la Fondation Hergé (sourire) ). À 8 ans, j’avais créé un magazine de BD que je vendais sous le manteau dans la cour de récré ; série phare du magazine: les Skateurs (un vague plagiat des Motards). En bref, j’écris depuis toujours des nouvelles, des histoires, des chansons, des scénarios… Raconter des histoires cela fait partie de moi. Mais, ce n’est qu’à partir des secondaires que j’ai compris que je voulais en faire mon métier, envers et contre tout. Mais, vouloir, ce n’est pas toujours assez. Après mes études, je me suis principalement tourné vers l’écriture de chansons et de scénarios pour le cinéma et la télévision.

Gaëtan Brynaert : J’ai toujours dessiné, je pense que j’aimais le voyage que cela me procurait. Adolescent, je passais le plus clair de mon temps sur un skate et dans la musique, tout en gardant un lien avec le dessin par le simple fait déjà que c’était mon orientation scolaire. Il était clair que j’allais toujours dessiner, mais c’est assez tardivement que j’ai décidé de faire de la BD, c’est en refermant La quête de l’oiseau du temps de Le Tendre et Loisel, que je me suis dit : "ok je sais que c’est ça que je vais faire, raconter des histoires !" Pendant que j’étais occupé avec le groupe de musique “Looking up”, j’ai continué à travailler le dessin et la narration de manière autodidacte, dans un premier temps, puis en suivant des cours du soir.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

F.C : À un moment, je voulais me sortir de l’écriture et prendre un peu l’air hors de mon bureau, voir des nouvelles têtes et je me suis tourné vers l’Académie de dessin d’Ixelles. C’est là que j’ai rencontré Gaëtan. Notre professeur Jacques Vandenheede de l’académie nous a dit que ce serait une bonne idée que nous travaillions ensemble. C’est vrai que depuis mes 8 ans, je n’avais pas beaucoup évolué en dessin (sourire). De plus, Gaëtan cherchait un scénariste, et je cherchais un bassiste pour mon groupe. Gaëtan avait déjà développé une première mouture de Du vent sous les pieds, mais il ressentait le besoin de bosser avec quelqu’un. C’était un projet très chouette, je me suis reconnu tout de suite dans le personnage de Léon et dans la sensibilité de Gaëtan. On a fait une première histoire L’homme au Caddy pour le collectif Jacadit que Gaëtan a créé. Je lui dis « OK bossons ensemble, mais à une seule condition : que tu rentres comme bassiste dans mon groupe de rock ! »(Gaëtan est un bassiste hors pair !). C’est comme ça que notre collaboration et notre amitié ont commencé.

G.B : Après avoir fini la première mouture de : Du vent sous les pieds, j’ai eu envie de faire quelque chose de moins personnel. J’ai proposé à Jacques Vandenheede prof de BD à l’Académie d’Ixelles, et à Alain le directeur, de réaliser un collectif au sein de l’atelier BD. Je m’occupais essentiellement de réaliser la couverture, la titraille et motiver les troupes pour participer au livre. Je n’avais plus le temps ni l’énergie d’écrire, et c’est alors que Jacques nous a proposé à Frédéric et moi de bosser ensemble. Nous avons fait L’homme au Caddy ensemble, j’aimais beaucoup le travail que Fred avait fait, je lui ai donc proposé de retravailler Du vent sous les pieds.

L’album est annoncé chez Soleil depuis de nombreux mois. Pour quelles raisons la sortie a-t-elle été repoussée ?

F.C : Houlala, c’est une longue histoire. Écrire, ça prend du temps, mais, en comparaison au dessin, ce n’est rien. Dessiner, c’est fastidieux. Surtout, quand c’est une histoire qui parle autant de nous. Ce que raconte l’histoire, c’est un peu l’histoire de la création de cette BD, l’histoire de nos parcours. C’est en ce point que résident pour moi la fragilité et la force de cet album. C’est un discours sincère, personnel. Enfin, tout ça pour dire que nous avons exploré les limites de la patience de notre éditrice Corinne Bertrand.

G.B : Disons que derrière l’objet qui est l’album, la réalisation a été faite dans une période charnière au point de vue personnel. De plus cette histoire fait écho à tout un pan de ma vie. Je remercie ici Corinne pour son dévouement et sa patience.

Comment avez-vous trouvé ce titre d’album, très énigmatique ?

G.B : Quand j’ai écrit la première mouture du scénario en 2005, j’étais à fond dans cette histoire, et je me suis réveillé une nuit avec cette phrase… "Du vent sous les pieds"… Je me suis tout de suite dit que c'était la phrase la plus proche de ce que je voulais dire dans l’album (quelque chose d’impalpable qui nous pousse à faire nos propres choix). L’histoire était prévue en trois tomes, pour trois périodes d’une vie, et de faire une sorte de Haïku avec les titres de chaque Tome. T1 : Du vent sous les pieds, T2 : Emporte mes pas, T3 : Quand un souffle s’éteint… Je n’étais pas arrêté sur le titre du trois… Et donc avec Fred, quand nous avons dû réunir le diptyque prévu, Corinne nous a proposé de réunir les deux titres aussi ; “Du vent sous les pieds emporte mes pas…”. Ce qui était une bonne idée.

Quel message avez-vous souhaité faire passer ? Qu’un enfant doit toujours réaliser ses rêves, quelles que soient les circonstances ?

F.C : Brel disait qu’on avait eu l’ensemble de nos rêves étant enfants et qu’être adulte, c’est les réaliser. Le message de notre Bande dessinée est, pour moi, qu’il faut réussir à s’accepter et ne pas se tourner vers le passé. Il faut construire, composer avec qui l’on est, avec le jugement des autres. Il faut arrêter d’avoir des regrets. Être artiste peut être une croix par moment, mais c’est une envie particulière, avec certains avantages. C’est le pourquoi de la dernière phrase de cet album : « la peur est la maîtresse du regret ». Beaucoup de gens ne font pas ce qu’ils devraient faire parce qu’ils ont peur. Nous disons : la vie commence lorsqu’on arrête d’avoir peur. Aussi, lorsque j’ai rencontré Gaëtan, il m’a posé cette question qui résonne toujours en moi : « Est-ce que nos rêves d’enfants ne sont pas nos cauchemars d’adultes ? » Quand on est artiste, on ne vit pas une vie comme les autres. On doit se battre différemment, on voit les choses différemment, on doit « tenir » différemment. J’ai lu un jour un article dans le journal Le Soir qui parlait des difficultés des auteurs de bande dessinée sous le titre « nous mangeons des héros enragés ». Comme Léon, Gaëtan et moi-même doutons perpétuellement. Bien sûr il nous reste du chemin à parcourir, mais, nous avons tenu… et nos doutes aujourd’hui enrichissent notre travail.

G.B. : Plus que réaliser ses rêves, je dirais qu’il est essentiel de se réaliser, peu importe ses ambitions et, d'accepter le rôle qui nous incombe.

L’album aborde également la confrontation entre un enfant et les événements liés au monde des
adultes (décès de la mère de Léon, guerre…)…


F.C : La vie est un combat de tous les instants. Tout le monde se définit par les actions que l’on pose face à l’adversité, aux contraintes et à la fatalité. Pour moi, le talent artistique, ça n’existe pas vraiment. Il y a ceux qui continuent et il y a ceux qui arrêtent. Je connais plein de gens autour de moi qui ont dû arrêter parce que la vie les a rattrapés. Parmi ceux-ci, il y en a qui avaient vraiment un potentiel de fou. Mais, la résignation est l’ennemi du talent.

Après un long passage lié à l’enfance de Léon, le rythme s’accélère brusquement aux trois quarts de l’album…

F.C : Oui, c’est vrai. Pour être honnête, à l’origine Du vent sous les pieds devait être un triptyque. La maison d’édition a décidé en cours de réalisation d’en faire un unitaire. Ce qui explique ce changement de rythme et de tonalité. Mais, le scénario de la BD est construit sur la métaphore d’un cours d’eau qui serait le cours de la vie de Léon. L’enfance, c’est la source, un rythme lent, et, au fur et à mesure ce rythme est chahuté… Léon quitte la campagne pour gagner la capitale et, finalement, vient le moment où il arrive à l’embouchure de sa vie, et là, il comprend d’où il vient, où il est et où il va…

Gaëtan, comment avez-vous travaillé graphiquement sur cet album ?

G.B : J’ai utilisé comme base du brou de noix et un mélange d’aquarelles, de gouaches, d’encres et de crayons… Je travaille avec beaucoup d’eau pour permettre d’avoir des accidents sur la feuille. J’aime bien l’idée de me mettre au service du scénario… Il me semblait logique donc de traiter cette histoire en couleurs directes… Ensuite j’ai poussé le vice jusqu'à faire le lettrage à la plume.

Frédéric, pouvez-vous nous parler de vos projets cinéma et série télévisée (Reviens et Woufti !) ?

F.C : J’ai pas mal de projets, je suis un hyperactif insatiable. Un scénariste ne peut pas miser sur un seul projet, car il arrive souvent qu’un projet soit avorté en cours de route. Là, je reviens d’avoir fait la présentation d’Adrien, un projet de Long métrage sélectionné au Pavillon des Scénaristes à Cannes. C’est l’histoire d’un enfant qui ne veut pas naître. Pour ce qui est de Reviens (The Bends en Anglais), c’est un projet très personnel qui me tient à cœur depuis plusieurs années. Je le développe avec une réalisatrice autrichienne Ulrike Schweiger (Twinni). Cela raconte une histoire, à la frontière du surréalisme, d’un amour qui refuse de faner avant de mourir. Un film pour faire pleurer les filles (sourire). La réalité, c’est que tous mes projets parlent de la confrontation de l’enfance au monde des adultes. Pour Reviens, c’est un peu l’inverse, c’est l’histoire d’un adulte qui retombe en enfance. Woufti c’est un projet un peu antinomique. C’est une série de comédie complètement loufoque que je développe pour la télévision nationale belge. Cela dépeint nos relations sentimentales mises en miroir avec les relations que nous entretenons avec nos animaux de compagnies. Sinon, je réalise aussi actuellement un court-métrage d’animation burlesque appelé Darli et la Lada

Avez-vous d’autres projets de bande dessinée ?

F.C : Entre autres, je travaille actuellement sur deux projets dont Isaline, un projet avec le dessinateur Thibaut Lambert (Al Zimmer) prenant pour cadre les Marolles (un quartier de Bruxelles), une histoire d’amitié entre une petite vieille et un clochard bougon qui se sont mis en tête de voyager dans le temps. Et une nouvelle série de BD avec Guillaume Francart (auteur de Blanche Ed.Casterman).

G.B : J’ai le projet d’écrire deux scénarios, dont un sur Looking up, l’histoire d’adolescents qui montent un groupe pour se marrer, et se retrouvent à signer sur un gros label, ce qui était encore possible dans le paysage de la musique avant les années 2000. Le deuxième n’est pas encore assez clair dans ma tête pour pouvoir en parler. Mais pour l’instant je me concentre sur des nouvelles illustrations pour une expo à Liège en juin 2012.
Propos recueillis par L. Gianati

Information sur l'album

Du vent sous les pieds emporte mes pas
1. Du vent sous les pieds emporte mes pas

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