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Des fourmis dans les jambes ou la migration d'un nouveau canari

Entretien avec Renaud Pennelle et Arnaud Gautelier

Propos recueillis par L. Gianati Interview 29/04/2012 à 19:16 6891 visiteurs
Certaines maladies font peur. Celles qui frappent un beau matin, sans signe avant coureur, sans prévenir, celles dont on sait pertinemment que, malgré les progrès de la médecine, il n'existe pour l'heure aucun traitement efficace, celles qui handicapent un peu plus chaque jour, avec la certitude que demain sera encore plus difficile... La sclérose en plaques en fait partie. Arnaud Gautelier a 22 ans quand le diagnostic tombe. À l'âge où l'on fait ses premiers pas dans la vie professionnelle, où l'insouciance prend souvent le pas sur la dure réalité de l'existence, Arnaud sait que plus rien ne sera comme avant.
En publiant, en 2006, "J'te plaque ma sclérose", un roman autobiographique, il choisit de faire partager son quotidien, de mettre en lumière "sa" maladie et de permettre ainsi à d'autres de vaincre l'isolement. Quelques années plus tard, il décide, avec un ami dessinateur de longue date, Renaud Pennelle, de réaliser une bande dessinée, "Des fourmis dans les jambes". Intimité, incivilités, vie familiale, départ de Paris pour Nantes (et ses célèbres canaris) sont au programme, le tout abordé avec une sacrée dose d'humour.

Arnaud, votre premier roman J’te plaque ma sclérose contenait déjà de nombreuses illustrations. La bande dessinée était-elle une suite logique ?

Arnaud Gautelier : Non, ce n’est pas une suite logique... Je ne connais pas trop le monde de la BD (à part Tintin et Astérix) mais j’admirais (et encore plus maintenant) le talent de mon ami Renaud Pennelle. J’avais écrit des trucs dans un coin, j’en ai parlé à Renaud, il m’a dit : « On peut faire une BD ». Moi : « Mais comment on fait ? » C’est comme cela que ça a commencé. Renaud m’a expliqué comment écrire un scénario pour une BD et dès qu’il m’a montré ses premiers crayonnés, j’ai dit OK, c’est génial !

Quels sont, selon vous, les avantages et les inconvénients de ce médium pour traiter d’un sujet aussi grave ?

A.G. : Je ne vois pas trop d’inconvénients. Ce médium permet d’aller à l’essentiel, les détails de l’histoire sont dans le dessin. On peut aborder un sujet grave en ayant assez de recul. Pour moi, l’humour et l’amour sont les choses les plus importantes pour faire passer un message.

Arnaud et Renaud, vous vous connaissez depuis de nombreuses années. L’amitié était-elle nécessaire pour pouvoir réaliser cet album ?

Renaud Pennelle : J'imagine que j'aurais pu faire le même travail en ne connaissant pas Arnaud, en le rencontrant pour l'occasion. Ça aurait été aussi très intéressant et pas moins impliquant, mais il se trouve que c'est précisément notre amitié qui a fondé et nourri ce projet. Pendant la lecture de J'te plaque ma sclérose j'avais découvert la face cachée de mon pote Arnaud que je connaissais pourtant depuis plus de 4 ans... Beaucoup plus tard, en réponse à l'éloignement provoqué par son déménagement, et à son désir de prolonger son premier livre de façon différente, je lui ai proposé une "suite" en BD. Un travail commun pour ne pas laisser nos liens se distendre. L'idée a plu à Arnaud... Et voilà... On s'y est mis très doucement, à notre rythme... Je pensais mener ce projet en parallèle avec d'autres travaux, mais la proposition de l'éditeur Emmanuel Proust nous a amenés à nous y plonger totalement. Pendant la réalisation de l'album, en dessinant son personnage (et bien que ce personnage soit très interprété par rapport à la réalité), j'avais une sensation précise de sa gestuelle, ses expressions. Je n'avais pas peur de le "charger", puisque lui-même manie volontiers l'auto-dérision. Un ami commun nous a fait la remarque qu'il retrouvait la présence d'Arnaud dans mon dessin. Un compliment auquel j'ai été extrêmement sensible ! Notre confiance mutuelle a été déterminante pour que je puisse exprimer au mieux le texte original.

A.G. : Renaud a tout dit…

Comment avez-vous collaboré ? Chaque rôle était-il clairement défini ou avez-vous participé l’un et l’autre au dessin ou à l’écriture ?

R.P. : J'avais demandé à Arnaud d'écrire un "vrai" scénario de BD, dialogué et découpé en planches et en cases avec descriptifs. Il l'a fait pour les deux premiers tiers de l'histoire. Je réorganisais, condensais et réécrivais beaucoup, en respectant l'esprit et la matière mais en la transposant en images de façon souvent différente. Après ça, Arnaud a décidé d'écrire plus librement le dernier tiers, il ressentait comme un carcan l'obligation de tout faire rentrer dans des petites boîtes !
Pour moi, le plus important était bien sûr qu'Arnaud se retrouve dans le storyboard. Il y a eu finalement assez peu de scènes nécessitant des allers-retours. Sandy, la compagne d'Arnaud, a eu un rôle à ne pas négliger. Elle a lu toutes les séquences au fur et à mesure de leur avancement. Sa vision fraîche nous a été utile. Idem pour Sandrine, une amie à qui j'ai montré toutes les étapes du travail et que je remercie vivement ! Deux dessins sont de la main d'Arnaud : le plan de la nouvelle maison, et la toile avec tous les bonshommes. C'est peu, mais je tenais à ce que son trait figure dans ce livre. Les autres toiles, je les ai reproduites d'après des photos que j'ai prises chez lui.

A.G. : Renaud a encore tout dit !!!

Arnaud, vous êtes-vous fixé certaines limites à ne pas dépasser lors de l’évocation de votre quotidien ?

A.G. : Non, je n’ai pas de tabou, toutes les scènes sont plus ou moins réelles et je n’avais rien à cacher.

L’arrivée à Nantes semble marquer un véritable renouveau…

A.G. : Oui, ça fait bizarre de passer de la ligue 1 à la ligue 2 (sourire)

Le regard des gens est-il vraiment différent en province ? Où est-ce plutôt l’indifférence qui était devenue difficile à supporter ?

A.G. : Pas facile de répondre à cette question car le regard des gens m’est indifférent. En revanche, que se soit à Paris ou à Nantes, l’incivilité est la même !

Avec un peu de recul, la vie parisienne ne vous manque-t-elle pas trop ?

A.G. : Mes amis de Paris me manquent. La vie parisienne, non ! Pourtant, je suis né à Paris et j’y ai vécu pas mal de temps.

Les prises en charge thérapeutiques ont-elles évolué depuis que votre maladie s’est déclarée, il y a un peu plus de dix ans ?

A.G. : Oui, de nouveaux médicaments ont vu le jour pour améliorer la vie des malades. Mais la sclérose en plaques reste une maladie incurable. Il y a encore du boulot !

Quel est le regard de votre famille sur cet album ?

A.G. : Mes parents ne l’ont pas encore vu mais j’espère qu’ils vont aimer. (sourire) Sinon, le reste de ma famille est fier de moi, ils me trouvent courageux… moi, je me trouve normal.

Avez-vous d’autres projets de bande dessinée ?

R.P. : Quelques idées... Mais aucune en voie de concrétisation...

A.G. : Non, mais j’ai encore envie de créer, sans parler de la sclérose en plaques. Je veux rester dans le concret mais c’est encore très « brouillon » dans ma tête…

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre association « Notre Sclérose » ?

A.G. : L’Association "Notre Sclérose" s’est donnée pour principal objectif de communiquer différemment sur la sclérose en plaques, parce qu’il est nécessaire de faire sortir cette maladie de l’ombre et de lutter contre les idées reçues. Comment rester encore incompris lorsque l’on sait que 80 000 personnes souffrent de la sclérose en plaques en France ?
Propos recueillis par L. Gianati

Information sur l'album

Des fourmis dans les jambes

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