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Une série bonne pour Le Service !

Entretien avec Olivier Legrand

Propos recueillis par L. Gianati Interview 06/10/2011 à 16:31 3538 visiteurs
Nouvelle série écrite par le duo Djian-Olivier Legrand, Le Service raconte l'ascension d'un homme au sein d'une organisation secrète censée protéger la Vème République contre les empêcheurs de gouverner en rond. S'il s'agit avant tout d'une fiction, on ne peut s'empêcher de faire le lien avec certaines polices secrètes ayant exercé pendant ces dernières décennies. À l'occasion de la sortie du premier tome, Olivier Legrand a répondu à quelques questions.

Après Parabellum, Les Quatre de Baker Street et La Tombelle, Le Service est de nouveau une collaboration avec Jean-Blaise Djian. Comment travaillez-vous à quatre mains sur un scénario ?

Sur Le Service, j’ai apporté la matière première : les personnages, l’intrigue, une première version du script dialogué. Ensuite, on passe par une deuxième phase, celle du découpage, où Jean-Blaise fait un véritable travail de dramaturgie, de mise en scène, en apportant des idées supplémentaires ainsi que son « œil » de scénariste chevronné. A partir de là, on va modifier certaines scènes, en déplacer d’autres, changer tel ou tel décor, revoir tel ou tel passage pour qu’il soit plus percutant ou plus ramassé, discuter de tel ou tel point particulier etc. Au bout du compte, on arrive au scénario final, entièrement mis en scène et découpé.

Comment est né le projet Le Service ?

Le projet a pris forme il y a déjà pas mal d’années - disons que c’est le résultat d’un long processus de documentation et de réflexion. Mon premier scénario de BD, coécrit avec Jean-Blaise (avec déjà Alain Paillou au dessin !) était Parabellum (déjà édité chez EP) – un polar politique situé dans les années 30 et qui mettait en scène une organisation d’extrême droite inspirée de la tristement célèbre Cagoule. A ce moment, j’avais déjà l’idée du Service – mais comme le projet était très ambitieux et nécessitait plusieurs tomes, nous avons préféré commencer par un one-shot, Parabellum, mais dans une veine très proche - le polar historico-politique… Cela dit, il y a tout de même de grosses différences entre Parabellum et Le Service, au-delà des époques traitées : Le Service est une série beaucoup plus violente… avec pour personnage principal un antihéros particulièrement brutal et antipathique – Paul Galland, un homme de main du Service, un tueur sans états d’âme… un exécutant, dans tous les sens du terme.

N’avez-vous pas craint une surenchère dans la violence ? Vous êtes-vous fixé certaines limites ?

Nous avons essayé de montrer la violence d’un personnage comme Galland de façon sèche, brutale, froide – et non pas de façon spectaculaire ou graphiquement attractive. Si ces scènes suscitent un certain malaise chez le lecteur, alors elles auront rempli leur objectif. Pour moi, tout est une question de genre, de codes narratifs : dramatiquement parlant, une approche spectaculaire ou esthétisée de la violence est parfaitement justifiée dans un récit épique de fantasy guerrière ou dans une série de super-héros – mais elle serait totalement déplacée, « hors sujet », dans une série comme Le Service, qui joue avant tout sur un registre réaliste.

L’album est préfacé par un journaliste, personnage fictif. Est-ce pour donner plus de poids à l’histoire qui va suivre et mettre le lecteur immédiatement dans le bain ?

Oui, c’est tout à fait ça. Cette « préface » fait partie de la fiction du Service – et comme ce fameux « journaliste anonyme » est évidemment celui que l’on découvre dans l’épilogue de ce premier tome – un épilogue situé dans les années 90, longtemps après les faits évoqués. On retrouvera ce journaliste dans les épilogues des tomes 2 et 3… et au tome 4, la chronologie de l’histoire principale rejoindra celle de ces épilogues, puisque ce quatrième et dernier opus sera situé dans les années 90. Ce journaliste fictif est donc un personnage à part entière de la série.

Le Service fait plus ou moins référence au SAC (Service d’Action Civique) créé sous le Général de Gaulle au début des années 60. Comment avez-vous réussi à maintenir la frontière, ténue, entre fiction et réalité ?

Le Service est une fiction, mettant en scène des personnages fictifs – mais cette fiction est ancrée dans une certaine réalité historique et politique, celle des « zones d’ombre » de la Cinquième République. Certains éléments de la série font clairement écho à cette réalité – comme par exemple la mission première du Service, censé lutter contre l’OAS, ou la référence, au début de ce premier tome, aux fameux « noyés par balle » d’Octobre 1961… mais il s’agit avant tout de restituer l’atmosphère d’une époque, son climat politique et les tensions souterraines qui traversaient alors la société française. C’est sur cette toile de fond que nous mettons en scène l’histoire de Paul Galland et des personnages qui vont croiser sa route.

Comment avez-vous choisi les différentes époques des quatre albums prévus constituant la série ?

La « carrière » de Paul Galland au sein du Service s’étale sur quatre décennies, des années 60 aux années 90. A l’intérieur de chacune de ces décennies, on distinguera une période correspondant à un ou plusieurs événements marquants, qui formeront la toile de fond, l’arrière-plan de l’histoire : ainsi, dans ce premier tome, on va de la fin de la guerre d’Algérie (qui représente en quelque sorte la fin d’une époque) aux événements de 1968 (là encore, la fin d’une époque… et le début d’une autre). Les tomes suivants utiliseront la même approche.

On découvre Paul Galland à la fin de la guerre d’Algérie. On aurait presque eu envie d’en savoir un peu plus sur son passé et sur les raisons qui l’ont poussé à se radicaliser…

Dans la première version du scénario, la « séquence algérienne » était plus longue de quelques pages – mais après réflexion, et sur les conseils de notre éditeur Emmanuel Proust, nous avons décidé de l’écourter, afin de la rendre plus compacte mais aussi plus frappante. Dans la chronologie interne de notre série, la fin de la guerre d’Algérie constitue une sorte « d’événement zéro » à partir duquel le lecteur va découvrir la création du Service… et le personnage de Galland.
En ce qui concerne les « raisons » de Paul Galland, le fait de ne pas parler de son passé et de ses éventuelles « motivations » était un choix délibéré dès le début. Si nous avions évoqué, par exemple, son enfance ou sa famille, nous l’aurions présenté, malgré tout, comme un personnage auquel le lecteur est (même implicitement) invité à s’identifier… ce que nous voulions justement éviter. Nous voulions montrer Galland en tueur, dès le début. Quelque part, Galland est un archétype, il incarne tous les tueurs du Service et il existe avant tout par son « travail ». Il n’est qu’un rouage dans une machine – ce qui ne le déresponsabilise en rien : ce n’est pas envers lui que le lecteur doit éprouver de l’empathie mais envers des personnages comme (dans ce premier tome) Luc, Edith ou Michel, les jeunes gauchistes dont l’itinéraire va finir par croiser celui de Galland. Galland est une force brutale, qui va traverser la série dans la violence et le sang. Et sans se poser de questions… en tous les cas pour l’instant. A ce stade de notre histoire, il se pense encore comme un « soldat » qui obéit aux ordres sans discuter. A l’opposé, son supérieur et recruteur au sein du Service, le lieutenant François Charrière, présente une personnalité beaucoup plus complexe, avec un côté manipulateur et qui semble osciller constamment entre l’idéalisme patriotique et le pragmatisme le plus cynique.

Luc et Michel ont des idéologies similaires mais ce dernier à une vision plus radicale des moyens à employer pour lutter. Ce choix a-t-il été fait pour rendre le personnage de Luc plus « sympathique » et en faire une parfaite victime innocente ?

Honnêtement, non : le sort de Luc ne serait pas moins atroce si c’était Michel qui l’avait subi. A travers l’amitié conflictuelle de ces deux personnages, qui se solde finalement par une rupture définitive, nous avons surtout cherché à montrer deux grandes tendances au sein de l’idéologie révolutionnaire de gauche telle qu’elle se concevait à l’époque. La question de passer ou non à la lutte armée est un vieux débat – on la trouvait déjà chez les anarchistes des années 1900, divisés entre les « illégalistes » type Jules Bonnot et les partisans d’un anarchisme quasi-pacifiste. Personnellement, je ne donne ni tort ni raison à Luc ou à Michel : ils expriment chacun le désir de changer les choses, de jeter à bas le vieux monde pour en créer un nouveau. Ce désir faisait partie intégrante de cette époque, de cette génération et c’est ce que nous avons souhaité montrer. La scène qui est probablement la plus parlante à cet égard est l’engueulade finale entre Luc et Michel, quand chacun s’amuse à « jouer les prophètes » pour prédire l’échec de la voie défendue par l’autre ; lorsque Luc dit que la lutte armée est une impasse et que les gens se souviendront de ces ‘révolutionnaires armés’ d’abord comme des assassins et des terroristes, l’Histoire lui donne raison… mais lorsque Michel explique que les événements de Mai 68 auront surtout pour conséquence d’amener une génération aux commandes et que les « leaders de la contestation » deviendront à leur tour des notables, des donneurs de leçons et des « anciens combattants », on peut penser que l’Histoire lui donne raison, à lui aussi.

Comment avez-vous choisi Alain Paillou au dessin, avec qui vous avez déjà travaillé sur Parabellum ? Recherchiez-vous un style graphique particulier ?

Pour nous, ce choix était une évidence. Il y avait déjà, à la base, l’envie de reformer le trio de Parabellum ; Jean-Blaise et moi avions adoré travailler avec Alain sur ce one-shot… et nous savions aussi, dès le début, qu’Alain était LE dessinateur du Service – de par son enthousiasme pour le projet et ce genre de sujet, ses connaissances très solides sur les périodes concernées et aussi son style graphique, qui cadre parfaitement avec l’esprit de la série et l’esthétique que nous imaginions. Une série comme Le Service pose un certain nombre de défis pour un dessinateur : chaque album se situant dans une décennie différente, il faut à la fois recréer l’esthétique de cette époque (sans pour autant tomber dans la caricature), tout en créant une identité graphique reconnaissable à l’échelle de la série entière.

Comment parvenez-vous à concilier vos autres activités professionnelles (professeur de Lettres) avec l’écriture de scenarii ? Ces deux domaines sont-ils diamétralement opposés ou existe-t-il parfois des liens ou des passerelles de l’un vers l’autre ?

En ce qui me concerne, ce sont deux domaines bien séparés. J’ai toujours employé une grande part de mon temps libre à écrire – que ce soit de la fiction, des jeux de rôle, des articles pour des fanzines etc. Désormais, l’essentiel de ce « temps d’écriture » est consacré à la BD. J’ai aussi appris à gérer ce temps de création le plus efficacement possible – et le fait de toujours travailler en tandem avec Jean-Blaise facilite évidemment beaucoup les choses.

Quel sera le rythme de parution des différents tomes du Service ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le thème du prochain ?

Le deuxième tome du Service, intitulé « Hautes Sphères », se situera dans les années 70 et se déroulera dans le monde politique, sur fond d’élections, de luttes de pouvoir et de « sales affaires ». Sa parution est prévue pour l’année prochaine. Le premier tome, intitulé « Premières Armes », montrait la mise en place et les débuts du Service : dans ce deuxième opus, on verra un Service solidement implanté dans les coulisses du pouvoir – les « Hautes Sphères » qui donnent son titre à l’album.

La suite du Service, celle des Quatre de Baker Street (dont le troisième tome est prévu pour début octobre)… Avez-vous d’autres projets ?

Oui, plusieurs… notamment Les Derniers Argonautes, une trilogie d’heroic fantasy inspirée de la mythologie grecque – toujours en tandem avec Jean-Blaise pour le scénario et avec Nicolas Ryser au dessin. Un tout autre monde…
Propos recueillis par L. Gianati

Information sur l'album

Le service
1. Premières armes : 1960-1968

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