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Ida de C. Cruchaudet

Un voyage nommé désir

Alexandra. S. Choux Interview 08/02/2010 à 13:13 7280 visiteurs
Si, depuis un vingtaine d’années, un certain nombre de travaux ont été consacrés à la littérature de voyage, très peu prennent en compte le rôle des femmes. Celles-ci accomplissent au XIXe siècle, une double transgression, du moins si elles voyagent seules et si elles écrivent sous leur propre nom. Le regard féminin est-il le même que celui des voyageurs masculins, en particulier sur l’altérité féminine ? N’y a-t-il pas, dans certains cas, une spécificité due à la codification des rôles sociaux (seule une femme, à l’exception du maître de maison, peut avoir accès aux harems, dans les pays orientaux) ?
Ida n’est ni voyage, ni souvenirs, mais souvenirs de voyage, voyage de souvenirs où chaque circonstance du voyage devient l’occasion pour le voyageur de se mettre en scène. Détour obligé qui balise ainsi un «voyage vers soi» et une pratique de l’intime.



Deux prix, c’est angoissant ou c’est moteur ?
Chloé Cruchaudet : Dans un premier temps, angoissant, puis l’angoisse des premiers temps passés, la joie a pu prendre le dessus. Mais globalement, c’est plutôt moteur.

Vous aviez lancé le projet Ida ?
Il me trottait dans la tête, en général, j’ai tous mes projets sous le coude. J’avais l’idée même si c était assez embryonnaire.

Comment avez-vous envisagé cette histoire ?
Le point de départ est que je voulais un personnage féminin. Je ne le souhaitais pas trop lisse, avec un caractère affirmé. Ensuite je me suis nourrie de tous les récits de voyage que j’ai lus. L’important était, pour moi, de surtout lire entre les lignes. Ces récits sont souvent très lyriques, décrivent essentiellement les paysages. J’ai essayé de m’intéresser, dans la mesure du possible, aux dessous de l’histoire : à la logistique d’une expédition, aux contraintes auxquelles pouvaient être confrontées les voyageuses…

J’ai pu voir sur le site Delcourt qu’il y avait eu plusieurs projets de couverture, qu’est ce qui vous a décidé pour celle-ci ?
Sincèrement, c’est l’éditeur qui m’a aiguillée, j’en avais tellement dessinées que je n’avais plus un regard suffisamment neuf et objectif pour choisir. Cette couverture-ci retranscrit bien ce que je souhaitais faire passer : la confrontation entre nature et culture. C’est un exercice amusant d’essayer de chercher, en format timbre-poste, des idées de composition (il y en a eu environ 8 ou 9).

Ida est un joli paradoxe, terriblement engoncée dans la société étriquée qu’est l'Angleterre victorienne et pourtant si émancipée. Le voyage la libère ?
Oui et c’est une lutte avec elle-même également : elle avance, physiquement dans des contrées inconnues et suit le même cheminement intérieur finalement. C’est ce qui m’intéressait.

Une sorte de voyage initiatique ?
Oui exactement.

Quel est le moment clef, selon vous, de cette libération?
Les lecteurs trouveront cela peut être anodin, ce n’est pas forcément ce qui reste en mémoire, mais pour moi il s’agit du moment où elle décide, en arrivant sur la plage, de retirer ses chaussures. Ce petit moment de sensualité, quand elle sent le sable entre ses orteils est assez révélateur, elle ressent son corps. C’est un moment fugace car immédiatement, elle demande aux hommes de se retourner et craignant une hydrocution ne trempe même pas ses pieds dans la mer. J’ai décidé de rajouter ces cases pour montrer à quel point elle est pétrie de 30 années de morale.


Quelles femmes vous ont servi de modèle pour échafauder cette histoire ? Physiquement ? Intellectuellement?
J’ai beaucoup aimé les récits d’Alexandra David-Neel, ils m’ont servi pour montrer le courage. Ida est une Alexandra David-Neel qui n’a pas de dons à la base, qui n’est pas intrépide.
Mais intellectuellement, elle ressemble d’avantage à une voyageuse qui s’appelle Mary Kingsley. Une anglaise qui a ouvert la voie aux femmes, en partant pour l’Afrique (Elle décide de découvrir l'Afrique et de ramener le matériel indispensable pour terminer un ouvrage que son père avait commencé d'écrire sur certaines populations de ce continent. Mary débarque en Angola à Luanda en août 1893. Elle vit parmi les tribus locales qui lui apprennent tout ce qu'elle doit savoir pour survivre dans la jungle, et elle s'aventure seule dans des contrées dangereuses). Elle était intelligente, pétillante et gardait sa part de féminité en voyageant en robe, notamment.
Physiquement, je me suis inspirée d’Isabelle Huppert, de la personnalité qu’elle peut dégager.
En ce qui concerne Fortunée, je me suis servie d’images de la Belle Otero. Une courtisane du XIXème. Pas réellement belle mais possédant un physique très sensuel.

Votre dessin a quelque peu changé ?
Cela me plaisait que toutes deux aient une féminité encombrante. Les robes et la mode voulaient cela également, une forte poitrine, cet espèce de rembourrage qui faisait une silhouette très ronde. Je ne voulais pas d’ambigüité, je souhaitais qu’elles soient pleinement femme.

La couleur est omniprésente, lumineuse…
Pour cet album, j’ai voulu faire comme un carnet de voyage, tout en couleurs directes, à l’encre. Avec des aquarelles, ainsi que l’on pouvait en voir à l’époque, j’ai donc laissé passer quelques petits accidents, des taches, pour rendre l’ensemble vivant.
Alexandra. S. Choux

Information sur l'album

Ida
1. Grandeur et humiliation

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