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Rencontre avec Guillaume Sorel et Laetitia Vuillemin

Mâle de mer, chez Casterman - Ecritures

Propos recueillis par Alexandra S. Choux et Myriam Piraux Interview 14/05/2009 à 09:14 3825 visiteurs
Doëlan, en Bretagne. Elle s’appelle Ephémère. Trop tôt sa mère s’en est allée, et puis un autre jour c’est son père, pêcheur opiniâtre et taiseux face à la mer immense, veuf inconsolé, qui à son tour a choisi de décéder. Orpheline, donc. Et c’est cette vie-là qui se dévide sous le pinceau âpre et généreux de Guillaume Sorel, portée par les mots choisis de Laetitita Villemin. L’Américain de rencontre, qu’Ephémère devenue jeune fille séduit d’un regard, et qui lui fera un fils - mais qu’elle quittera bientôt, parce que la vie c’est face à la mer qu’elle exige d’être vécue. Quittée pourtant, Ephémère le sera à son tour, par ce fils qui à son tour la laissera amère… Sur fond de rudesse océane, une grande et sombre histoire de famille, en résonance avec toutes les autres et néanmoins profondément singulière. Attachante et forte parce que les histoires de famille, évidemment, sont aussi des histoires d’amour.


Ce n'est pas un album à priori "facile" d'accès, avez-vous eu du mal à imposer
votre projet très littéraire ?

Laetitia Villemin :
Nous avons eu du mal à trouver une maison d’édition car au
début, nous étions partis dans l’idée de faire un tryptique, qui plus est un tryptique
en noir et blanc.
Guillaume qui avait déjà travaillé avec Casterman m’a présenté Laetitia Lehmann et Nadia Gibert. Nous avons découvert la collection « Ecritures ». Il s’agit avant tout
d’une histoire de rencontre. J’ai rencontré Nadia pour lui présenter le projet. Elle
avait bien accroché sur la première partie et il fallait, selon elle, travaillait
davantage pour la suite. De cet entretien, de cette rencontre, Mâle de mer et né.
Guillaume Sorel: Il est vrai que l’on a eu peu de réponse mais nous l’avons
peu présenté aux maisons d’édition. Casterman a tout de suite adhéré, dès
réception du projet. Nadia a immédiatement proposé « écritures ».


Le N&B s’est-il imposé ou est ce un choix éditorial ?

G. Sorel :
Dès le départ. Pour moi, il s’agissait d’un projet qui devait s’intercaler entre les tomes de ma série chez Delcourt. Ce procédé pouvait être plus rapide, car à l’origine ce projet se présentait en tryptique. Aussi, j’avais prévu de faire une partie par été. Et contractuellement, c’était d’accord. Je livrais une partie entre deux Algernon Woodcock. Il se trouve que j’ai un peu précipité les choses et que le tryptique est devenu un one shot. Mais à la base, il me fallait une technique plus rapide et cela correspondait également à une envie de travailler en N&B, au pinceau. Un crayonné assez précis, pinceau et encre de Chine.
Ce qui me permettait d’avoir assez peu de matériel sur moi et de pouvoir dessiner sur les lieux même de l’action. Je voulais une espèce de mise en danger sur une
technique que je maitrise moins.


Je suis bluffée par le fait que cet album soit dessiné au pinceau, je n’avais pas remarqué…

G . Sorel:
Il s’agit d’une histoire intimiste, ordinairement, je travaille davantage
sur le XIXème siècle. Je voulais une technique que je ne maitrise pas complètement pour saisir d’autres expressions sur les visages, pour être dans une sensibilité du trait. Je suis tellement rodé avec la technique à la plume et toutes les couleurs qui viennent par dessus, que là, c’était une réelle mise en danger.


Vos univers sont-ils proches ? Ou vous a-t-il fallu les adapter l’un à l’autre ?

L . Villemin:
Nous sommes très proches.
G. Sorel : En fait, à la base (s’adressant à Laetitia) tu n’es pas écrivain et
moi ce n’est pas du tout ce que je fais d’habitude.
L. Villemin : en effet.
G. Sorel : Donc on a chacun un univers mais pour ce projet, nous avons fait
un mix des deux. On s’est rejoint au milieu.


Le dessin s’est adapté au texte ou bien est-ce l’inverse ?

L. Villemin : Il y a eu une réadaptation. Suite à ma rencontre avec Nadia Gibert, il y a eu une autre phase de travail. Il a fallu que j’épure, ce qui est un très bon conseil de sa part, car mon texte est alambiqué, avec une rythmique
particulière.
G. Sorel : je me suis adaptée aux textes car à la base, c’est moi qui ai craqué pour ses textes. Et nous étions totalement d’accord pour que nous n’y
touchions pas dans un premier temps. Le texte de la première partie est le texte d’origine, il y a eu en effet une réécriture mais ce fut léger, c’est moi qui ai adapté mon trait à la structure du départ.
Pour la 2ème et 3ème partie, c’est différent car Laetitia les a écrit par rapport au projet défini avec Casterman. C’était assez amusant d’ailleurs car, étant donné qu’elle n’a pas l’habitude de travailler pour la bd, elle décrivait tout en détail pour une action. Je lui ai alors dit : « regarde, avec un seul dessin, on peut très bien faire comprendre ce que tu veux dire, sans descriptif poussé » . Mais c’est difficile également pour des scénaristes chevronnés. Il faut lui faire comprendre qu’un dessinateur peut parler à sa place. Ca évite les plans à la « Black & Mortimer » : et
il ouvrit la porte dans une bulle avec le dessin d’un type qui ouvre une porte. Le dessin remplace facilement les descriptifs.
L. Villemin : Oui, d’ailleurs, ce fut très intéressant de travailler ainsi en duo et d’écrire de grandes pages de silence… Souvent, « dans les romans graphiques » on a l’impression que le dessin prend le pas sur le récit, or là non, il n’y pas de déséquilibre, le texte est très dense et ne se fait pas oublier.
G. Sorel : Il s’agit souvent d’expériences graphiques. J’avais envie de prendre des risques graphiquement mais j’avais surtout envie de me mettre au service d’un texte à la base. Chaque silence est justifié par l’histoire construite par Laetitia. Il n’y a pas eu de problème d’ego.
L. Villemin : Je mets beaucoup d’intimité dans mes textes et j’ai inclus
Guillaume dans des parties, pour que le texte soit homogène avec le dessin et l’un
soit indissociable de l’autre. C’est très poétique, il y a beaucoup de nous et de notre entourage dans cet album et c’est peut être pour cela que cela fonctionne.
G. Sorel : Ce n’est absolument pas autobiographique en revanche tous les
sentiments, toutes les sensations sont les nôtres.


Est ce que cet essai vous donne envie de renouveler l’essai de scénariser ?

L. Villemin :
je pense que ça serait LA rencontre qui serait déterminante. Il faut
d’abord que ça soit une rencontre car pour moi, ce n’est pas un travail. Je suis
photographe avant tout et je peux m’exprimer déjà à travers mes photos. Ce n’est
ni un besoin, ni une ambition, en revanche j’aime écrire, et j’aimerais soumettre
d’autres textes. Et bien évidemment j’aimerais continuer avec Guillaume. On fera
un autre ovni.
Dans ce texte, il y a des phrases qui reviennent, une répétition, qui donnent un
rythme particulier, elles sont été écrites pour la bd ?
L. Villemin : non, elles ont été écrites pour la nouvelle. Ce texte est un long
poème, c’est une sorte d’écriture automatique. J’ai deux ou trois mots que j’étire
dans tous les sens. Ce qui me plait ensuite, c’est la mélodie, le rythme, c’est mon rythme cardiaque. C’est une écriture qui est très en lien avec ma façon de photographier.




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Propos recueillis par Alexandra S. Choux et Myriam Piraux