Las Rosas - A. Pastor - Actes sud / L'An 2

[botachris]

Une station service plus ou moins déglinguée ou végètent quelques femmes s'abrutissant devant des feuilletons à l'eau de rose , tenue par une "femme" dont la vocation est d'aider ses compagnes en détresse . Autour quelques caravanes ou vivent certaines de ces femmes plus ou moins en contentieux avec la société et/ou les males . Un shériff alcoolo amoureux de la gérante de la station , ou plutôt d'une morte au travers d'elle . Un zonard se réclamant de dieu et attendant son fils qui doit venir le tuer .Une grand mère (fantôme ou pas ? ) visible seulement de certains protagonistes. Et Rosa, enceinte d'un quasi viol...
Tout est en place pour un thriller que l'on peut effectivement qualifier de western moderne avec une découverte psychologique des personnages à mesure de l'avancée du roman graphique et des liens secrets, cachés, tus ou oubliés qu'ils ont entre eux .
Presque un ouvrage à la Hitchcock replacé dans une Amérique profonde et miséreuse
Bien servie par un dessin assez simple mais suggestif d'A Pastor cette histoire nous tiens en haleine d'un bout à l'autre et est profondément humaine .

[edgarmint]

Il faut franchir une longue mise en place, mais une fois ce cap nécessaire passé, c'est vraiment un bon moment de lecture, avec des personnages au profil particulièrement bien fouillé (pas de personnages secondaires au rabais !). L'histoire, aussi surréaliste qu'elle puisse paraître, fonctionne en fin de compte parfaitement bien. Un des très bons bouquins de l'année écoulée.

[edgarmint]

Un sujet sur son précèdent album :

post460617.html?hilit=pastor#p460617

[melville]

Yo !

Est sorti récemment Castilla Drive, un nouveau roman graphique d'Anthony Pastor. Sans en avoir l'air, ce dernier opus entretien un lien étroit avec Las Rosas.
Je viens faire un petit up ici pour faire un peu de pub pour l'entretien qui vient d'être mis en ligne sur Sceneario à propos de Castilla Drive et Las Rosas, et aussi pour faire un peu de pub à un auteur qu'il faut lire plus !

http://www.sceneario.com/bd_18169_CASTILLA%20DRIVE.html


melville

[nexus4]

Ah ben oui, on l'a raté celui-la.

[melville]

Il n'est pas trop tard !

melville

[Hugui]

Ah ben oui, on l'a raté celui-la.

Une équation amoureuse bancale dans un univers glacé qui ne se réchauffe pas avec des dessins à la banalité sûrement voulu, au total cela fait une histoire intrigante qui se laisse lire mais qui ne décolle pas vraiment.
Cela ne laisse pas indifférent mais on aurait aimé des personnages plus attachants.
Et on aimerait aussi en savoir plus sur la raison de ce climat.
Pas mal donc puisqu'on se pose pleins de questions.

[Guy Georgou]

Castilla drive est mon premier essai, transformé, des bouquins d'Anthony Pastor. Et pas de doute que je vais me tourner vers ses oeuvres antérieures.
jusqu'ici son dessin ne n'avait pas séduit. il me parraissait brouillon, à travers les quelques scans dispo sur le Net. Castilla drive semble son travail le plus abouti et il y a un équilibre dans le trait, sous controle on dirait. Et maintenant c'est vraiment très bon, dans le rendu des visages, l'expressivité des regards. Pastor aime ses personnages, les femmes tout particulièrement. Ceux-ci sont incarné. Et on tient là un auteur qui fait du roman noir en bd. A signaler car ça ne court pas les salons.
en lisant le résumé de Rosa du 1er message, on se rend compte des points communs avec Castilla, mais c'est le propre de bien des auteurs de réécrire, ou décliner, toujours la même histoire.

[silverfab]

J'aurais tendance a partager cet avis, j'avais trouvé ça pas mal du tout dans le genre.
Peut être aussi en grande partie grâce au score que j'avais choisi pour aller avec.
A écouter par là:

http://bobd.over-blog.com/article-noir-latin-114666131.html

[Guy Georgou]

merci à Melville pour le lien vers l'interview. Et pour rebondir sur une question et faire une critique:
[quote][Sceneario.com : Le background du récit est très important, à commencer par le rôle du climat. Aride dans Las Rosas, il est hivernal dans Castilla Drive./quote]
c'est un "truc" habituel du polar et que l'on retrouve au ciné. Prenez Ed mc Bein, tel roman se passe pendant une canicule qui écrase la ville d'Isola, le suivant il pleut des cordes tout le temps. En général ce background s'achève à la fin de l'histoire. Quand les flics du 87ème district bouclent leur enquête, la pluie tant attendue tombe enfin. Ou elle s'arrête. Il pleut sans arrêt dans le Seven de David Fincher jusqu'au dénouement ensoleillé. Dans tel autre polar se passant à L.A. en été, le background sera des incendies de forêt gigantesques qui menace la ville, etc.
L'idée puisée dans le dérêglement climatique pour Castilla drive est excellente. Mais il y a un problème qui vient de la durée du phénomène. Vu qu'on se trouve tout de même entre mexique et Etats-unis, pour croire à cette épisode de froid neigeux, il ne fallait pas qu'il s'éternise. Et il n'est même pas terminé à la fin de Castilla drive.
Pastor en est sans doute conscient mais il n'a pas voulu faire fondre ses congères. Choix esthétique (le blizzard donne de belles vignette à la fin) et de comfort au détrimant de la bd.

[Guy Georgou]

je viens de lire Ice cream. On retrouve le goût de l'auteur pour le roman noir. Traitement différent de son dernier bébé. Au stylo bille, je crois. Très bon. parti pris de découpage façon story board. 2 cases-plans par pages. N & B. Ambiance années 70. Ray-ban. Beasty boys. Starsky et Hutch. Tarantino période réservoir dogs. Passé l'emballante accroche de la 4ème de couv, on reste sur sa fin, because Tony réinvente rien. Mais le traitement justifie totalement la fin et les moyens. Ice cream se bonifie en revenant dessus. Allez, au suivant (Las Rosas ou OK Corral).

[Guy Georgou]

un truc à ajouter qui ressort du traitement de Ice cream ou de Hotel coral, c'est le rapprochement évident qu'on peut faire avec Thomas Ott, de part le genre du polar noir et de la narration visuelle totale parce que "muette", sans bulle, ou alors dans la marge, similaire. Bref des livres à ranger l'un à côté de l'autre dans une bibli.

[Guy Georgou]

je viens d'achever la lecture de Las Rosas, le dernier Pastor qu'il me manquait. je croyais qu'il était épuisé mais je l'ai trouvé chez mon libraire qui devait l'avoir depuis un moment... Comme ça j'ai operé une sorte de mise à jour avant la sortie de Bonbons atomik! Et en un an j'aurai tout lu. Las Rosas est un roman graphique copieux avec plus de 310 pages. Ceci explique l'orientation du dessin de part une volonté évidente d'avoir une bonne cadence dans l'exécution. impossible de faire comme pour Ice cream ou Hotel koral et passer beaucoup de temps sur les planches. Ces deux bouquins là sont courts, comme des nouvelles. En tout cas l'impression d'avoir affaire à quelqu'un qui serait romancier s'il ne dessinait pas est renforcé à la lecture de Las Rosas. Et le mariage du texte récitatif et du dessin fonctionne bien. Un dessin qui paye pas de mine, bien meilleur qu'il n'y parait au premier coup d'oeil. Je sais pas si on s'habitue aux scories, bien normales, présentes par intermittences mais les 20/30 premières pages m'ont parues les plus hard. La force de Pastor est son découpage qui fait souvent mouche. "Western tortilla à l'eau de rose" ironise le sous-titre sur la couv. Dans ce désert on prend plaisir à suivre les histoires de ses personnages qui s'entrecroisent, on s'attache, et la petite montée de tension finale fonctionne plutôt bien. Bon bouquin. Pas encore un chef-d'oeuvre mais bon.

[Le Tapir]

Perso ça m'a fait chier Las Rosas, je l'ai revendu avec bonheur! L'histoire ne décolle jamais, et puis je n’accroche pas vraiment avec le dessin non plus! Je trouve le titre du dernier à paraitre très racoleur, mais je ne me ferai pas avoir cette fois là!

[Guy Georgou]

"Bonbon atomique" racoleur comme titre? ah bon... En outre, si en bd le terme de racoleur s'utilise surtout pour parler du genre et du dessin qui va avec, Pastor est très loin des auteurs qui racolent, à des années lumières même. L'évolution du dessin le montre. Alors que Ice cream ou Hotel koral prouve qu'il est capable dans mettre plein les yeux, le dessin de Las rosas ou des derniers titres, plus denses, ne font pas de clin d'oeil aux clients des librairies. Le dessin est au service de l'histoire et ses qualités se révèlent surtout à la lecture (tandis qu'un dessin racoleur peut souvent apparaitre faiblard à la lecture.) Avec Pastor on tient un vrai auteur de BD qui maitrise parfaitement le média et dont la narration est inspiré.
ceci dit, Le tapir, vous êtes peut-être passé à côté de Las Rosas, cela arrive. Au 2ème essais parfois on se rend compte de son erreur.
J'ai Bonbon atomique. C'est une autre enquête de l'héroine de Castilla drive. pas encore lu mais la brune de la couv a des faux airs de la chanteuse blanche de soul morte, là...

[Le Tapir]

"Bonbon atomique" racoleur comme titre? ah bon... En outre, si en bd le terme de racoleur s'utilise surtout pour parler du genre et du dessin qui va avec, Pastor est très loin des auteurs qui racolent, à des années lumières même.

Qui a dit ça? C'est une interprétation toute personnelle!

Oui le titre et la couverture sont un peu racoleur, je persiste et signe ( très très belle couverture d'ailleurs)! C'est peut-être une très bonne BD! Peut-être! Je ne l'ai pas lu, je l'ai eu hier dans les mains et c'est vrai que ça à l'air sympathique! Mais "Las rosas" aussi c'était hyper accrocheur et à priori fort sympathique (je n’emploierai pas le terme racoleur, certes un peu brutal, pour ne pas te choquer) en attendant c'est un peu la montagne qui a accouché d'une souris! Et j'ai lu des critiques qui allaient aussi dans ce sens pour l'avant dernier...Voila c'est pour ça que j'écrivais cela dans le message précédent!

[Guy Georgou]

j'ai commencé la lecture, le tout début, et le titre semble venir du fait que l'action se passe autour d'une ancienne centrale nucléaire désaffectée et les fameux bonbons bleus doivent avoir une composition anti radiation, un truc dans le genre... pour pô viré vert comme le smiley, là

[Guy Georgou]

ayé, j'ai terminé Bonbons atomique. Ben je suis partagé. Bon livre, pétri de qualité, mais aussi avec des trucs moyen, sur les 250 pages de cette suite à Castilla drive. Tout d'abord je vois 2 différences entre ces 2 bds. Castilla drive se construisait autour d'une sorte de non intrigue, comme un refus de la mécanique traditionnelle du polar/roman noir, et restait sur des interrogations et du mystère qui avait du charme. Plus copieux de presque 100 pages, Bonbons atomique déroule une intrigue de roman noir en expliquant tout à la fin, mais dans une course à la résolution menée au pas de charge. Car comme dans Las Rosas, roman graphique similaire en taille, Pastor doit gérer une floppés de persos. Jusque là l'auteur a toujours réussi à incarner tout le monde. Première quasi choquante dans Bonbons atomique, apparait un perso secondaire sans consistance, très mal dessiné donc, qui n'est pas incarné du tout : le garde du corps noir. C'est inhabituel. De Las rosas à Bonbons atomique Pastor fait preuve de beaucoup d'empathie pour tous ses personnages, bons ou méchants. Et d'ailleurs il ne peut se résoudre à faire plus de dégât parmi eux quand ça barde dans le final de Bonbons atomique. Une suite où les enfants de l'héroïne ont grandi, où son copain poète s'est laissé pousser les cheveux, genre Javier Bardem dans No country for the old man. Pastor puise ses physiques dans le rock. Amy Winehouse ici. Jason, le petit blond, peigné comme Thurston Moore des Sonics youth. Pedro dans Las Rosas, mix vulgaire entre un Nick Cave, front haut cheveux long mais tattoué comme le chanteur de Dépeche Mode... du grand art.

[Le Tapir]

Tu devrais lire du Carali, y'a moins d'empathie envers les personnages, mais on se marre plus! Par contre les persos ne sont pas coiffés à la Thuston moore!

ps: j'aime beaucoup Sonic Youth aussi, par contre je ne connais pas le film "No country for old men" mais j'ai de plus en plus envie de le voir à cause, notamment, d'un jeu de mot anglais que j'ai lu sur le daily telegraph ce week end: à propos du 15 de la rose "No country for young men" (fin du hors sujet)...

[Guy Georgou]

Dans le numéro deux de la revue illustrée Citrus, dont le thème est le fait divers, figure un récit inédit de Pastor, d'une trentaine de pages. En couleur, l'histoire se passe avant le départ inexpliqué du mari détective de l'héroine de Castilla drive, quand elle n'a encore qu'un enfant en bas âge et l'autre dans le buffet. Ca se lit comme une nouvelle noire bien dessinée.