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Un nouvel éditeur

16/01/2007 23 planches


La naissance d'une nouvelle maison d'édition de bande dessinée, voilà un événement qui suscite toujours une curiosité bien légitime. Certes, la pression concurrentielle est toujours plus forte dans les métiers du livre. Mais la diversité éditoriale, c'est aussi la clef du renouvellement de l'offre et de la conquête de nouveaux publics.

En ce début 2007, à quelques jours de la présentation au public des premiers livres du label Les enfants rouges lors du festival d'Angoulême, nous avons souhaité donner la parole Nathalie Meulemans, fondatrice de ce nouvel éditeur indépendant de bandes dessinées basé à Juan Les Pins.

Nathalie Meulemans, vous avez ouvert une librairie spécialisée à Antibes au début des années 1990. Que retenez-vous de ces années en tant que libraire ?

Des tonnes de lectures en tous genres ! La librairie m'a permis de pouvoir rencontrer et conseiller une clientèle très large. D'aller au devant de leurs attentes et de les amener (parfois) à découvrir des styles nouveaux. J'ai pu aussi tisser des liens avec des auteurs qui m'ont fait confiance et m'ont suivie dans ce nouveau métier. La connaissance  de la diffusion/distribution et des représentants est un atout aussi pour comprendre le fonctionnement, le chemin depuis l'édition jusqu'à la librairie.  
L'expérience accumulée dans tous les domaines de la librairie spécialisée m'est aujourd'hui d'une grande utilité. Je ne pense pas que je me serais lancée de la même façon sans ce bagage.


Pourquoi changer de métier pour devenir éditrice ?

Depuis quelques temps l'envie d'être à l'initiative de projets éditoriaux trottait dans ma tête. Mais je ne pouvais pas me donner à 100% dans 2 métiers qui demandent énormément d'investissement. Etre libraire m'a demandé une énergie énorme pour organiser rencontres, salons, expositions, ateliers avec des enfants et gérer un stock de plus en plus important.

Quatre - Bramardi / Anton
Une grande partie des nouveautés aujourd'hui sont malheureusement de moins en moins surprenantes et novatrices. Restent quelques belles découvertes, grâce à quelques éditeurs et aux auteurs qui ne s'arrêtent pas aux histoires formatées. L'édition est un domaine que je découvre pas à pas, mais je ne veux pas m'enfermer dans un format de pages.

Une histoire nécessite un espace, et cet espace ne doit pas se réduire à des critères commerciaux.
 
La SARL «Les enfants rouges» a été créée en janvier 2006. D'où vient ce nom ?

Les enfants rouges, c'était le nom qui était donné aux pensionnaires d'un orphelinat créé au 16è siècle dans le IIIè arrondissement de Paris. Ils étaient alors drapés de rouge. Aujourd'hui, c'est le nom que porte le plus vieux marché parisien.  

Les premiers livres arrivent en février 2007. Quel a été votre travail au cours de l'année écoulée ?

Une somme de petites choses qui prennent beaucoup de temps.
Beaucoup de discussions, de négociations, de réglages, et de cafés entre copains parce qu'on avance encore mieux quand on rencontre les auteurs de temps en temps. Ce n'est pas toujours évident, j'ai par exemple des projets avec des auteurs en Belgique ou en Suisse et cela me manque de ne pas pouvoir les voir.

La recherche d'un diffuseur et d'un distributeur a été très laborieuse. Les petits éditeurs indépendants ne sont pas toujours pris très au sérieux ou du moins la  restriction est de mise en ces temps incertains. Mais pas de découragement, j'ai fini par signer en décembre!
Les projets sont rentrés à l'imprimerie à la même période, autant dire que le parcours fut long mais tout se termine bien pour cette année de mise en place et de construction.
 
Quelle sera la ou les spécificités des Enfants Rouges ?

Mes choix en terme d'édition sont guidés par les lectures que j'ai eues durant toutes ces années. J'ai un goût prononcé pour le noir et blanc et la bichromie. Je privilégie la BD dite "roman graphique", mais les thèmes abordés ne sont pas dictés par une ligne éditoriale fermée.
Si à la première lecture, une histoire me plaît, des discussions s'enchaînent avec les auteurs pour trouver le meilleur terrain d'entente. D'une certaine façon, je marche au ressenti (rire, larmes, colère, etc.), et je considère que nous faisons un travail d'équipe où chacun doit se sentir à l'aise, d'où une relation basée sur le dialogue et la confiance.

Il y a une dizaine de projets en cours pour 2007, mais il y a aussi le bouche à oreille, et quelques personnes qui après avoir vu le site des Enfants Rouges m'ont contactée. C'est très encourageant. Mais je n'envisage pas de sortir plus de 12 ou 13 titres par an.

Comment choisissez-vous vos auteurs ?  

Les premiers projets m'ont été présentés par des connaissances et des amis comme Marc Moreno et Loïc Dauvillier.

Loup - Sara / Moreno
Marc Moreno avait envie d'aborder une réflexion très personnelle dans Loup : l'attentat à la bombe dont il a été témoin avec son frère à la gare Victoria à Londres en février 1991. Avec Amélie Sarn, ils ont voulu  nous raconter l'après-attentat, la  perte de repères résultant de ce traumatisme.
Ce qu'il en reste a pour trame la rupture. Loïc Dauvillier y décrit avec beaucoup de justesse la mort annoncée  d'un couple. Le dessin précis et réaliste de Jérôme d'Aviau crédibilise le propos. Le  2ème opus de ce récit, Théo, sortira en janvier 2008.

Puis j'ai rencontré Anton grâce à Jérôme d'Aviau et à Marc Moreno. Anton et Laurent Bramardi travaillaient sur Quatre et ce fut le coup de coeur pour un univers  d'une rare poésie. Tout ce petit monde étant bordelais j'ai aussi fait la connaissance de Tanxxx, illustratrice et auteure de BD underground dont, comme dirait LUZ , le « style à la fois ciselé et coup-de-poing-dans-la-gueule est la preuve que la filiation des Charles Burns, Daniel Clowes et Adrian Tomine débarque enfin en France ». Nous avons décidé de publier un recueil d'histoires courtes Double Trouble. Ce titre marque le début de la collection "Coquelicot". Petit format 15X21, broché en NB ou en bichromie. Deux autres titres sont prévus dans cette collection en 2007.  

Elfo, lui est italien. Il m'a contactée par le biais de Igort (directeur éditorial de "Coconino Press" ) et nous avons décidé de traduire une BD sortie en Italie sous le titre de Love Stores. Quelques pages ont été publiées dans la revue "Black" en 2005). Love Stores est un échantillon de vies à travers le monde. Un instantané, saisi sur une page, une page pour chacune des 80 personnes croisées.
 

Que pouvez-vous nous dire du magazine Ping-Pong, que vous co-éditez avec les éditions Charrette ?

Le premier numéro de "Ping-Pong" vient d'arriver entre nos mains et nous en sommes très fiers!
Il sera à partir de mi-janvier dans toutes les librairies qui en auront fait la demande auprès du "Comptoir des Indépendants" et les premières réactions sont très positives.  

Le projet titillait Loïc Dauvillier (éditions Charrette) depuis quelque temps. Après la disparition de la presse spécialisée publiant des histoires inédites, nous avions envie de créer un espace de liberté pour les auteurs. Il fallait que ce soit une revue gratuite pour toucher un maximum de lecteurs. Nous avons donc investi dans ce 1er N° avec la participation de la librairie bordelaise "Oscar Hibou". Nous n'avons pas encore défini le rythme de parution car nous avons besoin de trouver quelques partenaires pour la publication. Ce message s'adresse donc aussi aux libraires (ou mécènes?) qui aimeraient soutenir cette initiative à but non-lucratif. Nous avons mis en route le N°2 que j'aimerais bien voir paraître en  Mai.... mais tout dépendra des espaces publicitaires vendus.  
 
Pour ce qui est des auteurs, ils  sont de plus en plus nombreux à vouloir offrir leurs histoires à Ping-Pong,  uniquement pour le plaisir !

Que répondriez-vous si un éditeur qui vous accuserait de venir squatter ses plates-bandes ? Il y a encore de la place pour de nouveaux arrivants ?  

Je pense ne marcher sur les plates-bandes de personne. Pour les indépendants, la meilleure façon de faire encore la différence est de publier des projets dans lesquels ils croient et qu'ils ont envie de défendre, non pas contre les "blockbusters", mais pour les faire découvrir au plus grand nombre.
Je n'édite pas forcément de la bédé grand public mais cela ne veut pas dire que je sois cantonnée à avoir un public élitiste. Parmi les 5 titres qui seront présentés en avant-première à Angoulême et qui sortiront en librairie en février et mars 2007, pas un ne se ressemble, il y a là de quoi satisfaire un public large... je suis d'une nature optimiste.
 
Dossier préparé par Jérôme Briot et Stéphane Farinaud