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Le temps des sauvages. Est-ce demain ? Est-ce aujourd’hui ? Et ces sauvages, qui sont-ils vraiment ? Eux ou nous ? Adaptation du roman Manuel de survie à l’usage des incapables de Thomas Gunzig, l’album signé Sébastien Goethals (Ceci est mon corps, Dans mes veines) joue la carte de l’anticipation proche pour raconter comment la société a accepté la mainmise de l’économie sur tout, jusqu’à l'existence des individus, de la naissance à la mort.

Le cadre du récit est immédiatement reconnaissable, c’est le nôtre. Les employés d’un supermarché remplissent leurs tâches sous l’œilleton des caméras de surveillance ; la moindre incartade est synonyme de licenciement immédiat. Pour Martine Laverdure, celle-ci aura été de montrer son affection pour un collègue. La rencontre avec le DRH se passe mal et l'employée décède. Un accident bête selon la direction, la police ne se déplacera même pas. Un assassinat, selon son ami. Devinez qui a gain de cause ? Par contre, les quatre fils de la caissière ne peuvent pas laisser passer cette injustice. Quand les loups sont lâchés contre d’autres congénères, le combat est immanquablement saignant.

Implacable et violent, l’ambitieux scénario file à toute allure sur plus de deux-soixante pages. Les informations sont distillées au compte-goutte, le pan fantastique ne sert que de prétexte pour mettre en scène le pire, le sentiment d’aliénation continuel impose une atmosphère lourde et surtout dérangeante et quasiment choquante. En effet, la narration arrive parfaitement à mettre en avant les plus mauvais aspects de notre monde. Les injustices, la brutalité aveugle des grandes entreprises, mais aussi nos propres lâchetés et, plus globalement, notre impuissance souvent complice face aux bouleversements socio-économiques. Le marché impose sa logique d’une manière implacable, repoussant du même geste ce qui reste de notre humanité aux frontières de l’animalité originelle. Évidemment, des problèmes ne peuvent que survenir quand cette ultime barrière tombe.

Non, Le temps des sauvages n’est pas une lecture qui mise sur la jovialité et l’optimisme. C’est une fable cruelle, heureusement non dénuée d’un humour naturellement noir de charbon, aux multiples rebondissements et à l’architecture complexe. Impressionnant de constance et de tenue, la réalisation de Sébastien Goethals s’avère excellente, tant dans l’action pure que dans les scènes plus intimistes. Indispensable à la compréhension du propos, la discrète et omniprésente part hybride des personnages est dépeinte avec finesse et intelligence. Furie, désespoir et, quand même, un peu d'amour, malgré les changements de registres, le dessinateur arrive à conserver une même identité et une même force à son travail.

Vision pessimiste d’un artiste ou constat froidement réaliste ? N’est-il pas déjà trop tard pour faire notre propre choix ? Le temps des sauvages a le mérite de poser la question.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Le temps des sauvages

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Note: 3.8/5 (9 votes)

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    Shaddam4 Le 25/10/2018 à 15:47:15

    Les éditions Futuropolis proposent toujours de très jolis livres, bien fabriqués et généralement dotés de couvertures percutantes. C'est le cas ici et le seul regret (pour une adaptation de roman) est qu'il n'y ait pas plus d’explication sur le travail d'adaptation et sur l'univers dans lequel se place cette BD, nécessairement plus concentrée qu'un roman.

    Dans un futur indéterminé les multinationales ont pris le relais des structures étatiques et déterminent la vie des individus, de la conception à la mort: le vivant a été breveté, permettant tous les contrôles des puissances économiques. Quand un concours de circonstance aboutit à la mort d'une employée de grande surface, Jean, salarié aliéné dévoré par sa compagne, va se retrouver au cœur d'une chasse qui va remettre toute son existence en question.

    Le temps des sauvages est une BD perturbante. Tout d'abord car Sebastien Goethals (qui sort justement cette semaine un nouvel album) ne nous donne que très peu d'informations (souvent délivrées de façon cryptique) sur cette société dystopique où tout est marchandisé et les seules valeurs sont celles de la concurrente et du succès. L'aboutissement absolu de l'idéal néo-libéral. Et pour cela déjà la BD vaut le coup d'être lue car c'est un gros coup de poing, de gueule ou de tout ce qu'on veut, un peu dans la même optique mais dans un autre genre que le Renato Jones de Kyle Andrews.

    On peine à rentrer dans cette histoire à la construction un peu compliquée, passant sans que l'on sache si c'est une volonté ou non d'une séquence à l'autre, souvent aux tons très différents. La temporalité est parfois dure à suivre, comme ces quelques pages qui nous relatent de façon quasi muette la vie du personnage principal. Les images doivent nous donner les clés mais restent parfois obscures. De même, les personnages sont assez nombreux, présentés de façon très progressive au fil de la lecture (l'album est assez épais) si bien que l'on tarde à comprendre qui est au cœur de l'action. Sans doute l'auteur a souhaité exprimer une société déstructurée, mais cela ne facilite pas forcément la lecture. L'album commence par une remarquable séquence d'action, proche d'une mise en scène manga, avec ces personnages de loups humanoïdes donnant l'assaut à un fourgon bancaire. Puis le rythme se rompt pour entrer dans des séquences d'illustration de ce futur affreux. Si l'évolution sociétale est comprise rapidement, le thème de la manipulation générique permettant des croisements entre humains et animaux n'est abordé que factuellement, à mesure de l'exposition des scènes qui nous font comprendre cette réalité pourtant fondamentale. Cela explique des séquences sinon improbable dans un monde cartésien et seulement humain.

    Je ne veux pas dresser un tableau trop négatif de cet album qui est doté de beaucoup de qualités, notamment graphiques, mais dont la structure est souvent bancale. Les thématiques sont riches, assumées et souvent originales. Ainsi le thème de l’addiction aux jeux vidéo, aux mondes virtuels, qui se transforme à mesure que l'on comprend mieux l'intrigue en un choix de vie contestataire, de reprise en main paradoxale de sa vie dans un univers où vous ne vous appartenez plus. Bien sur également la critique d'une société ultra-libérale extrapolée plus loin encore que ce que Fred Duval, le grand scénariste de l'anticipation à la sauce Delcourt produit formidablement depuis des années. La thématique de la famille est pour moi l'élément le plus faible car à la fois central et trop peu exploré. La meute des hommes loups est au cœur du récit face à un Jean insipide, creux, faible et auquel on se demande bien ce que les femmes peuvent trouver. Le décalage est cruel entre ces deux antagonistes (les loups veulent se venger en tuant Jean) et l'auteur laisse le lecteur seul pour juger de quel côté il veut se placer. Les femmes sont finalement les seules à même de garder le contrôle et de prendre des décisions dans cette histoire, comme la mère des loups assumant sa liaison, la compagne de Jean, otage volontaire de la meute ou Blanche de Castille (sic) à la fois instrument du système et totalement indépendante.

    L'impression finale est celle d'un univers très riche, débordant d'idées, de sujets, lancés de façon un peu chaotique sans clé de lecture, sans fil de fer. Selon le lecteur, cela pourra déranger ou plaire comme une liberté de participer à la construction mentale de cette dystopie. Personnellement j'ai trouvé cela frustrant tout en me donnant bien envie de lire le roman à l'origine de l'ouvrage, qui permet probablement de structurer ce projet aussi rageur et sauvage que les hommes-loups qui en sont le cœur.

    Lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/10/12/le-temps-des-sauvages