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Malpasset Causes et effets d'une catastrophe

03/04/2014 5744 visiteurs 6.0/10 (1 note)

2 décembre 1959, 20h30. Cette date n’évoque rien pour la plupart d’entre nous. Pas nés ? Pas de souvenirs précis ? Pourtant, ce jour là, en moins de vingt minutes, quatre cent vingt-trois personnes périrent noyées sous une lame d’eau de quarante mètres. Ce n’était pas à quinze milles kilomètres d’ici, mais en France, à Fréjus !

Hier faite pour se changer les idées, la BD permet aujourd’hui de s’en faire. Toute une série d’auteurs a désormais recours à ce medium pour se raconter à l’autre bout du monde, évoquer des rencontres marquantes ou rendre compte de ce qui se passe en bas de leur rue. Dans l’Hexagone, le phénomène a une petite vingtaine d’années et constitue un genre que les journalistes de France-Info récompensent désormais depuis 1991. Mais plus qu’un reportage, Malpasset est un témoignage. Celui de ceux – et celles – qui vécurent cette soirée dantesque, Éric Corbeyran les a écoutés se raconter.

Au travers des destins brisés, les premières planches se concentrent sur les instants qui suivirent la rupture de la voûte du barrage de Malpasset. Si un certain sentiment de longueur peut s’installer à la lecture de cette galerie de portraits, le lecteur sera cependant saisit par la soudaineté des évènements et l’ampleur du drame. Le travail graphique de Horne, d'un réalisme saisissant, met en avant – avec tact - l’émotion des personnages. Le trait est fin, précis, criant de vérité, justement souligné par une mise en gris des plus discrètes et expressives. Parallèlement, le propos des interlocuteurs est rythmé par nombre de vignettes chargées de symboles. Ainsi, des phylactères noirs, une onomatopée gutturale, une ampoule éteinte ou la silhouette d’une ruine illustrent appels des survivants dans la nuit, le bruit du raz de marée, le noir dans lequel tous furent plongés ou bien la désolation d’une vallée totalement détruite.

Ensuite, vient le temps de l’explication puis, dans une dernière partie, celui de la reconstruction qui singulièrement sut prendre soin des corps, mais négligea les âmes !

Éric Corbeyran rappelle à nos mémoires engourdies un fait divers que lui-même ignorait, bien que passant régulièrement ses vacances à Fréjus. Faut-il y voir une discrétion exemplaire de la part des survivants ou la capacité de nos sociétés à oublier ? Il n’en demeure pas moins que cet album est un vibrant hommage à ceux qui surent se reconstruire sur leur douleur sans jamais pouvoir totalement l’oublier. Un livre terriblement humain.

Par S. Salin
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Malpasset
Causes et effets d'une catastrophe

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 04/09/2020 à 17:21:53

    La bande dessinée permet également de rendre hommage, de se souvenir. Il est vrai que Malpasset est tombé dans l'oubli. C'est pourtant l'une des pires catastrophes meurtrières qu'a connu notre pays. Cela s'est passé à Fréjus et il y a eu 423 morts sans compter des dégâts matériels considérables.

    En effet, beaucoup de gens ont perdu leurs maisons, leurs exploitations, leurs usines ce fameux 2 décembre 1959. Des millions de mètres cubes d'eau se sont déversés dans la vallée suite à un barrage mal construit pour des raisons d'économies. Pour autant, les responsabilités humaines ont été écartés lors des suites juridiques mais la bd ne fera pas état de cela.

    On a droit à des témoignages qui se compilent les uns avec les autres dans une sobriété absolue et qui est voulue par les auteurs. C'est un documentaire de 144 pages. Il y a une certaine authenticité. C'est assez poignant par moment. On a l'impression que ces faits ont été oubliés de manière volontaires afin de passer à autre chose. Le général de Gaulle avait écrit lors de sa visite que Fréjus devait renaître.

    Corbeyran montre un talent dans la composition de quelque chose de différent, loin de l'univers des Stryges. Quant à Horne, le dessin réaliste lui va bien. Cependant, malgré toutes les qualités de cette oeuvre dans le genre "devoir de mémoire", c'est assez monotone dans la construction. Certes, cette rigueur imposée permet de donner le ton juste. A travers les témoignages, on arrive à revivre cette catastrophe. On peut le prendre comme un avertissement contre toutes les catastrophes civiles futures.

    mallory Le 17/04/2015 à 10:39:42

    Ce livre est le résultat d’un projet de Thierry Joor directeur éditorial chez Delcourt. L’idée est de rendre compte des grandes catastrophes qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Pour Corbeyran, l’évidence se situe à Fréjus ou pas très loin, là ou vie familiale et amitiés l’emmènent régulièrement. 2009, cinquantenaire de la tragédie de Malpasset, on en parle beaucoup et Corbeyran découvre cette tragédie. L’idée lui vient alors de construire un récit. Mais son point de vue l’éloignera du sensationnalisme et de la relation chronologique classique, c’est en faisant un travail d’enquête auprès de rescapés, en recueillant des témoignages que l’idée lui vient de se concentrer sur les paroles et les émotions, sur la relations de vie brisées par une tragédie et leurs effets encore visible et touchant cinquante années plus tard.
    Angle d’attaque original, assez loin du pathos, difficile car sans reconstitutions d’« images » édifiantes (la tragédie s’est passée une nuit de décembre) et pourtant réussite scénaristique de Corbeyran, et défi pour le dessinateur de rendre compte de la douleur des gens et des interviews.
    Seuls trois passages (une dizaine de pages) nous renvoient au moment des faits, le reste nous montre les personnes interviewées. Horne a su trouver des images simples illustrant les propos des rescapés en montrant des objets (un escalier, quand les gens se réfugient dans les étages, une radio, des fils électriques – alors que le courant a sauté – des bottes sales, des briques, un canot de sauvetage, etc…) qui nous permettent d’imaginer, de reconstruire à partir de ces quelques indices ce qui a pu se produire. Des mots, quelques images, le son (trouvaille d’une case rayée de grosses lignes blanches reproduisant un K R O entremêlés rendant le fracas de l’eau déchainée) et notre imaginaire reconstruisent l’horreur de cette nuit tragique.
    Paradoxe pour un médium de l’image de finalement ne rien montrer d’explicite, mais de suggérer et de laisser l’imaginaire du lecteur faire son travail.

    Une bande dessinée réussie qui reste au plus près des victimes, n’éludant pas les polémiques (beaucoup d’argent fut récolté et distribué, mais aucun suivi psychologique) sans prendre parti, montrant simplement les ravages de la catastrophe.