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E ntrer dans un centre de soins palliatifs, c’est franchir une étape. Tout l’entourage a beau être souriant et prévenant, Monsieur Vanadris, lucide, sait qu’il s’agit de sa dernière demeure. Et, le comble, on le prive de la possibilité d'y entrer debout alors qu’il en sortira à coup sûr les pieds devant… Il sait aussi que la déchéance est proche et qu’elle sera graduelle. Pour son fils, lui aussi à un cap de son existence, la situation est difficile à gérer. Faire ce qu’autrui attend de vous, ça veut dire et ça implique quoi ?

La mort dans l’âme n’est pas un plaidoyer militant en faveur de l’euthanasie. Ni même un témoignage qui aurait une valeur universelle. Il s’adresse à chacun en tant que caisse de résonance, ce qui, de fait, implique le lecteur en fonction de la vibration qu’il aura ressentie à sa découverte. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il ne s’en produise aucune (ou presque), en fonction de la sensibilité, du vécu de chacun.

Je n’ai pas été confronté à une situation équivalente à celle que connait Cyril, ce fils qui doit composer avec la disparition prochaine de son père, tandis qu’il perçoit que les attentes de son (ou ses) enfant évoluent et vont continuer à évoluer. La force de l’album signé par Sylvain Ricard et Isaac Wens, c’est sa simplicité, l’absence de leçon à tirer de l’histoire, commune, qu’ils présentent. La place laissée au lecteur pour qu’il occupe, investisse les silences et les instants banals est immense. Certains passeront sans s’arrêter, d’autres s’arrêteront et méditeront comme on le fait dans une salle d’attente.

Ici, pas besoin d'effet ni d'artifice, pour que des séquences marquent l'esprit. Ces phrases toutes faites, de circonstance, dont on mesure qu’elles sont usées jusqu’à la corde, mais dont on est incapables de se départir, faute de mieux à proposer. Ce contraste frappant entre les mines avenantes et rebondies des bien-portants, dont le dévouement n’est jamais à mettre en cause, et celles des patients qui se flétrissent. Ce sentiment d’être profondément maladroit en tentant d’offrir quelque chose en retour du passé, de partager quelque chose de précieux parce qu’on sait que le temps presse. Ce couloir qu’on remonte comme les barreaux de l'échelle graduée de la douleur et de la décrépitude, comme un avant-goût de son sort. Cette démission lorsqu’il s’agit d'affronter l’inéluctable, quand on se retrouve dans un état intermédiaire entre le « tout garder pour soi » et le « tout évacuer » et que la soupape de sécurité consiste à accabler l’être le plus cher, l’indéfectible, qui était là avant et qui sera toujours là après. Cette prise de conscience dérangeante quand la disparition d'un ascendant jette une lumière nouvelle sur son propre rôle de parent, en dévoilant l'inexorable marche du temps.

L’importance de points de repères est également flagrante. Pas seulement la permanence des souvenirs heureux auxquels on s’accroche, tel ce moment de complicité et de gourmandise entre le fils et son père. Une pomme d’amour croquée, en faisant semblant que ce soit à l’insu de la maman qui, comment en douter, serait ravie d’assister à la scène. Ces choses gravées qui, sans pour autant tomber dans l’image facile, peuvent être qualifiées de rémanentes. Pas d’abus de métaphore non plus avec l’inscription du Tour de France en toile de fond. Celui d’avant, celui qui imprimait son empreinte dans le déroulement de l’année, qui correspondait peut-être pour Monsieur Vanadris à l’époque où il faisait trop chaud pour travailler dehors et où l’on assistait aux efforts des forçats de la route, les volets entrebâillés, pour éviter que le soleil inonde le « poste ». Moins que les étapes qu’il lui reste à passer, la découverte d’un cycliste en plastique, héros comparable aux plus fringants soldats et cowboys dans la panoplie des petits garçons d’une époque passée, est une allégorie touchante. Les symboles s’érodent avant de disparaître, mais ils ont le mérite de ne pas sauter de générations et de valoriser la mission de relais et de mémoire confiée aux enfants devenus parents.

En plus d’authentique, La mort dans l’âme peut être qualifié de précieux dans le sens où il ne décide rien à la place du lecteur qui a toutes les clés pour se l’approprier de la manière la plus intime. C’est en cela qu’il est fort et beau.

Par M.Lalout-Hédard

Ça commence comme un souvenir d'enfance, un père et son fils mangeant une confiserie. Ça se termine comme un cauchemar de vieil homme, condamné à passer les dernières semaines de sa vie alité dans une clinique de soins palliatifs. Monsieur Vanadris est atteint de plusieurs tumeurs incurables. Résigné, il souhaite partager avec son fils le plus de temps possible et refuse l'acharnement thérapeutique. Mais la peur le domine toujours.

Sylvain Ricard aborde ici les questions difficiles de la vieillesse, de la maladie, de l'accompagnement des derniers jours et de la mort. Le sujet n'est pas facile et peu courant encore aujourd'hui. Le déroulement de l'histoire est chronologique, de l'entrée à la clinique jusqu'à la fin, inéluctable. Il n'y a donc pas de flash-back retraçant les années heureuses. L'accent est mis sur l'état d'âme du moment, sur les inquiétudes du vieil homme et sa volonté de ne pas souffrir. Sylvain Ricard compose alors de belles scènes, sensibles sans pathos, tel que le croisement entre les commentaires d'un journaliste sportif devant le Tour de France et le décès d'un des patients de la clinique.

Les auteurs dévoilent deux personnages en souffrance, un père et son fils, avec pudeur et justesse. Le dessinateur s'appuie sur un trait gras aux contours souples et surtout un camaïeux sépia qui rend une atmosphère apaisée, parfois distante. Seules quelques touches de couleurs viennent rompre cette monochromie, accentuant les visions hallucinatoires du vieillard.

La maladie, la mort, la souffrance voire l'euthanasie sont des sujets difficiles à aborder, ce que les Sylvain Ricard et Isaac Weins font avec délicatesse. L'album est agréable à lire, suffisamment réaliste pour être crédible, trop sans doute pour s'y précipiter.

Par L. Cirade
Moyenne des chroniqueurs
7.5

Informations sur l'album

La mort dans l'âme

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 01/09/2020 à 16:36:15

    Le débat sur l’euthanasie n’est actuellement toujours pas clos. A ce jour, tout proche peut être poursuivi comme un criminel lorsqu’il provoque le décès d’un parent atteint d’une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et physiques intolérables. Il est vrai qu’avec l’intensification des moyens médicaux modernes, les médecins pratiquent un véritable acharnement thérapeutique afin de maintenir en vie leur patient. L’Eglise a également pris une position assez ferme et non équivoque : c’est à Dieu de décider de votre sort.

    L’ensemble de ces éléments seront repris dans cette oeuvre avec la position non tranchée du médecin ou encore celle du prêtre reprenant les arguments du Vatican. On ne pourra que constater l’hypocrisie de la médecine qui ferme les yeux sur les actes des proches. On se dit que la loi très rigoureuse est vraiment inadaptée car elle ne suit pas l’évolution des mœurs et de notre époque.

    Le sujet bien que contemporain a été rarement abordé dans une bande dessinée. C’est une bonne chose d’autant que cela amène à une réflexion assez profonde. On sera sans doute confronté à ce problème un jour dans notre vie qui défile vite. Et puis, le traitement est assez fin pour ne pas sombrer dans le pathologique. A découvrir et à méditer !